L'immunité et le système immunitaire

Soutenir la maturation du système immunitaire chez l'enfant

Rédigé par Emmanuelle BIOJOUT
07/08/2025

Accompagner les enfants en naturopathie demande avant toute chose de connaître la physiologie qui leur est propre.

En effet, un enfant n’est pas un adulte miniature : ses organes et ses systèmes sont en partie immatures à la naissance et poursuivent leur développement pendant plusieurs années.

Le système immunitaire ne fait pas exception : il lui faudra rencontrer des dizaines d’infections, être au contact d’un environnement varié (alimentation, animaux…), ainsi qu’une hygiène de vie saine pour parvenir à sa maturité.

Le rôle du naturopathe sera de soutenir le système immunitaire sans interventionnisme systématique, grâce aux piliers de la santé : une alimentation adaptée, du mouvement, et un bon sommeil.

Le cas échéant, le naturopathe peut compléter ses conseils avec l’apport d’outils naturels : micronutrition, plantes, et huiles essentielles.

IMPORTANCE DE L’INSTALLATION DU MICROBIOTE

On le sait aujourd’hui : l’installation du microbiote joue un rôle fondamental dans l’établissement d’un système immunitaire robuste chez l’enfant et l’adulte en devenir. Pendant longtemps, on a pensé que le fœtus in utero évoluait dans un environnement stérile. Or, le placenta laisse passer des micro-organismes qui colonisent petit à petit le futur bébé.

Cette première “flore” physiologique encore peu diversifiée est dépendante de celle de la maman. Il est ainsi très important que celle-ci ait un microbiote de bonne qualité (c’est-à-dire varié et équilibré) afin de transmettre à son futur enfant des premières bactéries bénéfiques pour sa santé.

L’accouchement par voie basse est un moment important pour le lancement du microbiote car le bébé est en contact direct avec les bactéries vaginales et fécales de la mère. Lors d’une césarienne, le bébé sera moins exposé mais exposé tout de même, notamment aux germes de l’environnement. Il sera d’autant plus important de pratiquer le peau-à-peau pour favoriser la colonisation par des bactéries cutanées.

L’allaitement maternel est également un facteur favorisant la bonne installation du microbiote chez l’enfant car il favorise la croissance de souches bénéfiques (Bifidobacterium longum) permettant de réduire l’incidence des infections et de renforcer le système immunitaire.

La diversification alimentaire est un troisième grand temps dans l’installation d’un microbiote sain et robuste dans le temps. L’objectif durant cette période est d’introduire petit à petit un large panel d’aliments selon l’âge de l’enfant.

Saviez-vous que ce qui n’a pas été goûté par l’enfant avant 24 mois est susceptible de ne pas être aimé par la suite ? Mon conseil aux familles est de s’équiper d’un calendrier des fruits et légumes de saison pour bénéficier du maximum de nutrition et de les cuisiner de différentes façons.

La cuisson et les textures changent le goût des aliments et participent à l’éveil gustatif. Si vous êtes toujours enceinte, vous serez peut-être surprise d’apprendre que l’éducation au goût démarre dès la grossesse !

Le bébé in utero “goûte” et “découvre” des saveurs à travers le liquide amniotique et à travers ce que mange la maman. Autant en profiter pour manger équilibré et varié, et peut-être faciliter sa diversification alimentaire plus tard.

LA PHYSIOLOGIE DU SYSTÈME IMMUNITAIRE

Rappelons-nous que le système immunitaire possède un système de réponse innée aux infections. Considérée comme la première barrière de défense, cette réponse “aspécifique” se fait en 4 jours (environ 96 heures), faisant intervenir les flores cutanée, ORL, oculaire, buccale (et toutes les muqueuses).

Si cette défense n’est pas suffisante pour endiguer une infection, alors le corps va proposer une réponse “adaptative” à partir du 5ème jour.

Cette réponse est dite “spécifique” et implique deux voies de traitement des pathogènes :

  • La voie Th1 permet la gestion des agents infectieux intracellulaires : virus, bactéries, champignons. On parle alors d’immunité à médiation cellulaire. Cette voie est immature à la naissance et devra être soutenue pour parvenir à l'équilibre avec la voie Th2. 

  • La voie Th2 lutte contre les agents infectieux extracellulaire : pollens, parasites, protéines alimentaires… On parle d’immunité à médiation humorale. Il existe une prédominance de la voie Th2 à la naissance et un défaut de Th1 par manque de maturité. 




Tout l’enjeu de l’accompagnement de la maturation du système immunitaire sera de tendre vers un équilibre Th1/Th2. Les infections à répétition représentent une aide précieuse dans ce processus de maturation en favorisant la production de lymphocyte Th1, et il faudra parfois jusqu’à une centaine de rhinopharyngites pour équilibrer le système immunitaire.

Cette répétition d’infections est physiologique et nécessaire ; il faudra simplement veiller à ce que les infections aient une résolution.

Beaucoup d'enfants présentent des carences ou subcarences...

N’oublions pas cependant que notre hygiène de vie impacte directement notre système immunitaire. Adopter de bons réflexes dès le plus jeune âge en respectant les besoins de l’enfant est une manière concrète et efficace de le soutenir.

À l’inverse, un excès d’hygiène peut freiner la réponse immunitaire : les gels hydroalcooliques systématiques, l’utilisation de gels douches agressifs (et en excès), tendent à fragiliser le microbiome cutané qui est pourtant la première ligne de défense de ce système immunitaire.

LES MESURES HYGIÉNODIÉTÉTIQUES DE BASE

Le mode de vie et le respect des besoins fondamentaux de l’enfant sont la base dans l’établissement d’une bonne santé. Les piliers de la santé qui doivent être quotidiennement respectés sont :

L’alimentation

Beaucoup d’enfants présentent des carences ou subcarences en micronutriments essentiels à leur bon développement, notamment en fer, zinc, et vitamine D. Le premier réflexe sera de s’assurer que l’alimentation couvre les besoins de l’enfant.

De manière générale, je recommande aux familles d’adopter une alimentation :

Authentique, c’est-à-dire non transformée et faite maison le plus possible

Variée, en suivant les saisons, le climat, et la disponibilité des produits sur les marchés

Vivante, c’est-à-dire contenant des aliments crus et lacto-fermentés (crudités, beurre cru, graines germées, légumes fermentés, miso…)

Incluant des superaliments : ingérés en petite quantité, ils regorgent de vitamines, minéraux, et oligo-éléments indispensables à notre bon fonctionnement. Mes superaliments favoris sont :

Les huiles de première pression à froid riches en oméga-3 parmi lesquelles le lin, la noix ou encore la cameline. Certaines marques proposent des mélanges tout à fait adaptés aux enfants dès la diversification alimentaire. Ces acides gras sont indispensables au bon développement du cerveau et à l’assimilation des vitamines liposolubles (D, A, E, K). Je peux être amenée à conseiller une supplémentation d’EPA-DHA de chez COPMED auprès de certains profils ayant un besoin accru d’oméga-3.

Le pollen frais de ciste, à partir de deux ans (environ ½ cuillère à café par jour) : très riche en protéines végétales et en enzymes, le pollen est un aliment vitalogène qui soutient l’énergie de l’enfant. À intégrer dans une compote ou un yaourt quotidiennement ou moins selon sa sensibilité.

Le germe de blé à saupoudrer sur les plats ou les compotes : très riche en vitamines du groupe B, en zinc et en magnésium, ce superaliment peut être introduit en petite quantité dès 7 mois (attention, il est riche en fibres et peut irriter les intestins les plus sensibles).

L’attention doit également être portée sur la qualité des glucides consommés. Ces derniers sont très importants pour le bon développement de l’enfant, mais leur qualité l’est tout autant. On privilégiera des glucides à index glycémique bas tels que les pâtes et riz semi-complets, le sarrasin, le quinoa, les légumineuses (pois cassés, pois chiche, lentilles, haricots rouges…).

L’intérêt est d’apporter une bonne source d’énergie sans pour autant créer des pics de glycémie, à l’origine d’hypoglycémies réactionnelles (elles-mêmes à l’origine de fatigue, de manque de concentration, et de baisse de mémorisation).

Le mouvement quotidien

Saviez-vous que 37 % des 6-10 ans n’atteignent pas les recommandations en matière d’activité physique journalière ? Et que ce chiffre passe à 73 % chez les 11-17 ans ? ! En termes d’activité physique chez les jeunes, la France se positionne à la 119e place sur 146 pays, une triste statistique. Il est certain qu’il existe de vraies inégalités entre les catégories socioprofessionnelles : les CSP+ sont moins exposées à la sédentarité que les autres. Néanmoins, les parents ont un rôle de modèle extrêmement important dans l’éducation au mouvement : on sait aujourd’hui que les enfants ayant eu des parents sédentaires entre 5 et 8 ans, seront sédentaires plus tard !

Sans en faire une obsession, on peut réfléchir en famille à comment bouger plus tout en s'amusant :

  • Porter un simple podomètre pour se rendre compte du nombre de pas quotidiens est un moyen accessible et efficace pour conscientiser son (in)activité physique.
  • Passer plus de temps en nature et en famille pour marcher est déjà un vrai plus pour notre organisme.
  • Faire le ménage, jardiner, ranger des affaires, et monter les escaliers, c’est du sport ! Les enfants peuvent tout à fait participer aux tâches ménagères, dans la mesure où c’est adapté à leur âge et à leurs capacités.
  • Au bureau et/ou à l’école : il est possible de se lever de sa chaise chaque heure pour s’étirer, bailler et boire un verre d’eau.

Le bien-être émotionnel

Le bien-être émotionnel est un pilier fondamental de la santé de l’enfant. Il sera intéressant de trouver un juste équilibre entre le besoin d’action, de créativité et d'activités intellectuelles. Chaque enfant est différent, et certains auront plus d’appétences que d’autres pour une même activité. Mais l’équilibre est important : trop d’activités explosives au détriment d’activités plus calmes ou créatives peuvent générer du stress, de l’angoisse et de l’anxiété.

Par ailleurs, j’invite les familles à s’intéresser à la maturation du système nerveux de l’enfant. Les adultes exigent souvent des choses qui sont physiologiquement impossibles à exécuter par un enfant. Par exemple, la régulation des émotions de l’enfant passe par la maturation du cerveau limbique qui n’atteint sa maturité que vers l’âge de 5 à 7 ans. Ainsi, demander à un enfant trop petit de contenir ses émotions est tout simplement physiologiquement impossible.

Il serait plutôt judicieux d’accompagner son enfant à vivre correctement une émotion jusqu’au bout, en véritable empathie avec lui. Mettre des mots sur les ressentis, respecter leurs émotions, les écouter et valider leur vécu est une hygiène émotionnelle familiale fondamentale.

Le naturopathe pourra le cas échéant proposer plusieurs approches de soutien :

  • Une alimentation adaptée pour favoriser la régulation des émotions de l’enfant, notamment en s’assurant de la bonne production des neurotransmetteurs
  • Des Fleurs de Bach en ciblant des émotions précises à travailler
  • Des outils autour de l’émotionnel comme la météo intérieure ou des séances de méditation pour enfant

Le sommeil en quantité et en qualité

Le sommeil est aussi important pour les enfants que pour les adultes, mais celui de l’enfant s’apparente parfois à un parcours du combattant. Avoir un temps de sommeil suffisant et de bonne qualité tout au long de l’enfance est essentiel pour son bon développement et pour sa santé de manière globale.

Il soutient les fonctions cognitives, aide les apprentissages, la mémorisation, le raisonnement logique et la capacité à contrôler les émotions.

À l'inverse, un mauvais sommeil peut engendrer des troubles inconfortables comme des somnolences durant la journée, mais également des difficultés scolaires, des troubles de l'humeur telles que de l’irritabilité ou de l’hyperactivité.

Enfin, une perturbation à moyen et à long terme du sommeil peut favoriser le surpoids et une mauvaise immunité.

Je partage régulièrement aux familles des conseils généraux pour améliorer la qualité de l’environnement pour permettre le sommeil :

  • Avoir une chambre dont la température et la luminosité sont adaptées,
  • Aimiter voire supprimer les écrans une heure avant d’aller dormir,
  • Dîner suffisamment tôt et consommer une part de glucides permettant la synthèse de mélatonine,
  • Pratiquer une activité douce avant d’aller dormir telle qu’une séance de yoga pour enfant ou l'olfaction d’une huile essentielle relaxante,
  • Eloigner les appareils émettant des ondes de la chambre de l’enfant : il peut être intéressant de couper le wifi la nuit pour optimiser le sommeil de toute la famille,

Enfin, consulter un professionnel de santé peut être très utile voire indispensable selon les troubles présentés et l’âge de l’enfant.

LA NATUROPATHIE AU SERVICE DE L’IMMUNITÉ DE L’ENFANT

Si la naturopathie vise avant tout le respect des piliers de la santé (alimentation, mouvement, gestion des émotions, et sommeil), elle dispose d’outils naturels accessibles aux enfants selon leur profil, leur âge, et leur besoin.

Il est possible de soutenir le système immunitaire avec la micronutrition : s’assurer que l’enfant n’a pas de carence notamment en fer, zinc, vitamine C et D est une première étape.

L’alimentation devrait être suffisamment variée pour apporter ces micronutriments, mais une supplémentation temporaire peut être envisagée avec l’avis d’un pédiatre et/ou d’un diététicien.

Par ailleurs, les probiotiques peuvent être proposés aux enfants en cure ponctuelle et/ou concomitante à un épisode de diarrhées.

La souche L.Rhamnosus GG est particulièrement adaptée ; on la retrouve dans Probiotiques Junior.

Enfin, certaines plantes peuvent être utiles en gemmothérapie ou en extrait de plante fraîche :

  • L’églantier (Rosa canina) soutient la voie Th1 et renforce les muqueuses,
  • Le cassis (Ribes nigrum) est intéressant sur les terrains inflammatoires et/ou rencontrant des infections à répétition,
  • Le sureau (Sambucus) soutient la voie Th2, et possède des propriétés mucolytique et cicatrisante de l’intestin,
  • Le radis noir est mucolytique et module la voie Th2 au profit de la voie Th1.

D’autres produits seront utiles lors de la convalescence :

  • Les synergies d’oligo-éléments tels que le cuivre-or-argent sont particulièrement adaptés à la convalescence pour soutenir l’immunité de manière très douce,
  • L’eau de Quinton isotonique sera intéressante de par son apport en minéraux et ses vertus de détoxication cellulaire (Plasma Marin Hypertonic des Laboratoires COPMED en utilisation isotonique soit une dose de plasma marin pour trois doses d'eau de source),
  • Certains bourgeons soutiennent particulièrement la vitalité de l’enfant tels que : le bouleau verruqueux, le sapin pectiné, l’églantier, le cassis.

Accompagner en cas d’infections (chroniques)

Lorsque l’on est malade, le corps doit être mis au repos pour favoriser ses capacités d’auto-réparation et l’homéostasie naturelle. Pour cela, la naturopathie recommande aux enfants mais aussi aux adultes d’adopter de manière temporaire une alimentation hypotoxique, c’est-à-dire exempte de tous produits industriels et transformés, de viandes, de sucre et de produits laitiers.

À l’inverse, les bouillons de poule et/ou de légumes seront les bienvenus, éventuellement un peu de poisson blanc et des fruits cuits. L’idée est de simplifier un maximum la composition de l’assiette pour faciliter la digestion. L’arrêt du sucre est indispensable car ce dernier impacte négativement le système immunitaire. Enfin, il sera accordé une grande importance au repos et au sommeil.

L’aromathérapie peut tout à fait soutenir le système immunitaire en préventif et lors d’une infection. On ciblera des huiles essentielles contenant des molécules d’alcool pour leurs propriétés anti-infectieuses à large spectre et immunomodulantes, par exemple : le bois de hô, le tea tree, le thym à linalol, le laurier noble.

L’association avec une autre huile essentielle contenant du 1,8 cinéole (exemple : saro, ravintsara, eucalyptus radié) est particulièrement efficace pour soutenir l’immunité (en olfaction et/ou en application cutanée selon le besoin et l’âge de l’enfant).

Ne pas oublier le contact régulier avec la nature !

Il s’agit là d’un outil gratuit et disponible à tous. Pourtant nous passons tous trop peu de temps en nature alors que les bienfaits sont connus et reconnus par la science notamment sur l’humeur et l’inflammation.

Des pratiques ludiques telles que l’earthing peuvent se pratiquer en famille. Il s’agit tout simplement de se connecter physiquement à la terre en y marchant pieds nus, ou en s'y allongeant. S’approcher des cascades qui libèrent de grandes quantités d’ions négatifs est également excellent pour notre santé en plus de participer à l’éducation des enfants. Enfin, s’exposer de manière raisonnable mais régulière au soleil est extrêmement bénéfique pour le capital santé de nos enfants qui sont souvent en déficit de lumière naturelle.

CONCLUSION

Il me semble primordial de se faire accompagner lorsque l’on souhaite pratiquer la naturopathie en famille. Comme nous l’avons vu, la physiologie des enfants est en construction et leurs besoins sont différents de ceux des adultes. Un suivi par un naturopathe spécifiquement formé couplé à des conseils individualisés est une bonne approche.

Concernant le système immunitaire des enfants, rappelons-nous de laisser le temps faire son travail. Ce système complexe met plusieurs années avant de se stabiliser et les infections répétées aident ce processus.

Soutenir l’immunité avec des outils naturels sans interventionnisme systématique peut néanmoins considérablement améliorer la qualité de vie de nos petits !

Emmanuelle BIOJOUT

Naturopathe

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