Les Cahiers de la Santé Naturelle : regards d’experts

Augmenter son potentiel vital grâce aux vertus des épices

Rédigé par Christian BRUN
01/05/2025

Qui de nous n’a pas entendu certaines expressions telles que « c’est trop épicé » ou encore « ça manque d’épice » ? Expression que certains ont transposée sur leur vie en disant qu’elle n’est pas assez épicée, qu’elle est insipide, signifiant qu’elle est terne et morose, qu’elle manque de goût et d’inédit.

Il nous reste à chacun de mettre de la vie aux années et des années à la vie ! Voilà pourquoi il faut vivre avec sa passion, car selon Saint Augustin : « Celui qui vit avec passion est moins perdu que celui qui vit sans passion. » Reste à savoir maîtriser sa passion.

Il en est de même pour nos plats quotidiens, des plus simples aux plus élaborés, qui sont parfois insipides, fades, alors qu’il suffirait de rajouter quelques épices pour en faire des mets qui sublimeront nos papilles gustatives.

Mais avant d’étudier quelques épices bien utiles dans votre cuisine, si vous aimez manger et que vous êtes des épicuriens, il convient, me semble-t-il, de faire la distinction, si cela est possible, entre condiments, aromates et épices.

Que ce soient les condiments, les aromates ou les épices, ils contribuent chacun à leur manière à donner de la saveur à certains aliments qui nécessitent d’être rehaussés pour être appréciés, pour stimuler nos sucs digestifs et ainsi améliorer nos digestions, nos absorptions et assimilations cellulaires.

Les condiments servent quant à eux à donner davantage de goût aux plats. Ainsi avons-nous la moutarde, les oignons…

Un condiment peut se consommer seul pour améliorer nos réactions digestives.

Les aromates, comme leur nom l’indique, servent à aromatiser un mets. Il s’agit de plantes dont les composés très volatils vont donner davantage de saveur et d’odeur à certains aliments. On y trouve des plantes bien connues, telles que la menthe, le basilic, l’estragon, la coriandre…

En ce qui concerne les épices, elles proviennent généralement de pays exotiques et sont issues de graines moulues, d’écorces, de fleurs, de feuilles ou encore de mélanges de certaines plantes, comme le fameux et bien connu curry, mais encore la cannelle, le safran, le laurier, le poivre, le paprika, le cumin ou encore le gingembre.

Comme vous pouvez le constater, la différence est et reste très subtile.

Du point de vue historique, on retrouve l’utilisation des épices très tôt dans l’humanité. Elles apparaissent dans les préparations pour la momification des corps en Égypte et sont citées dans la Bible.

Dans les récits de Marco Polo, on peut lire qu’elles ont été utilisées également comme moyen d’échange financier, notamment au Moyen-Orient.

Puis elles ont été employées pour masquer les aliments, notamment les viandes avariées ou trop faisandées, voire impropres à la consommation.

Les échanges commerciaux, notamment avec les pays exotiques tels que l’Inde, nous ont permis d’avoir accès à ces différentes épices et à leurs vertus thérapeutiques.

Cependant, par commodité, je ne citerai dans cet article que quelques épices bien connues, leurs différentes utilisations et leurs bienfaits thérapeutiques à long terme.

Avertissement : d’un point de vue santé/vitalité, les épices ne doivent pas être cuites, faute de quoi il y aurait une perte des vertus thérapeutiques. Cependant, il est possible, pour le goût, d’associer les épices crues et cuites, tout en restant discret pour ne pas masquer les saveurs originelles des aliments conjoints.

LE CLOU DE GIROFLE

Il est une épice que j’utilise personnellement abondamment dans mes repas et préparations culinaires : les clous de girofle. Goût qui nous rappelle inévitablement le dentiste ! En effet, celui-ci utilisait une pâte contenant des huiles essentielles de giroflier dont les propriétés sont analgésiques et antimicrobiennes très puissantes.

Cette épice était également utilisée dans le pain d’épices de notre enfance, ainsi que dans la choucroute ou encore avec le fameux vin chaud à la cannelle, pour réchauffer notre corps et éviter les affres de l’hiver.

J’ai pris l’habitude, lorsque je cuis des pâtes, du riz, des lentilles ou d’autres légumineuses, d’éplucher un oignon jaune et de le piquer avec des clous de girofle. Je l’intègre ensuite dans l’eau de cuisson en ébullition afin de profiter des effets antimicrobiens de cette plante. Une fois mes céréales ou légumineuses cuites "al dente", je les dresse en dôme, enlève les clous de girofle de l’oignon, l’émince et le dispose en couronne autour du dôme. Je complète avec une olive noire et quelques feuilles d’estragon en étoiles, saupoudrant le tout de paprika et de curcuma pour une belle harmonie de couleurs.

clou de Girofle

Petit truc :
Piquer un oignon de clous de girofle permet de bénéficier de leurs vertus sans les retrouver entiers dans l’assiette, ce qui peut être désagréable pour certains, notamment les enfants !

LE CURCUMA

curcuma

Le curcuma est une autre épice que j’utilise abondamment. Très colorant, il est connu pour ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. On en vante parfois à tort des effets anticancéreux, desquels je m’insurge, mais il est prouvé qu’il joue un rôle bénéfique pour la digestion, l’immunité et la protection cellulaire.

Qu’est-ce que le curcuma ? En poudre ou en rhizome ? Avec ou sans poivre noir ? Autant de questions qui font phosphorer le cerveau des scientifiques, qui confondent bien souvent la notion d’in vitro et in vivo.

Le curcuma est très consommé en Inde mais aussi dans les pays asiatiques, notamment pour ses propriétés gustatives et odorantes.

Alors, quel curcuma choisir ? Biodisponible ? Assimilable ? Associé ou non à du poivre ?

C’est une plante herbacée avec un rhizome aromatique et vivace de la famille des zingibéracées, originaire de Malaisie et d’Inde, dans lequel on trouve cette fameuse curcumine, principe actif.

Certes, la curcumine, principe actif du curcuma, est un puissant antioxydant et a des effets bénéfiques sur les inflammations, notamment articulaires, sur la digestion, stimule l’appétit, prévient l’accumulation des graisses et agit également sur le système nerveux.

N’oublions pas non plus son action démontrée sur le système immunitaire comme immunomodulateur, participant ainsi à la résistance aux allergies et aux intolérances alimentaires, voire aux pathologies auto-immunes.

Ce sont surtout pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires que le curcuma est reconnu, mais il est également utile dans les ulcères gastroduodénaux, dans les RCH (rectocolite hémorragique), et certains affirment des améliorations dans les aménorrhées, diarrhées et pathologies cutanées. Il serait aussi bénéfique pour lutter contre les effets négatifs du stress et augmenter l’efficacité de nos défenses immunitaires.

Certains prétendent que le curcuma est un alicament naturel et qu’il a une action protectrice contre la maladie d’Alzheimer et le diabète de type 2.

Qu’en est-il de ses propriétés très controversées anticancéreuses ?

Le curcuma, comme agent adjuvant des chimiothérapies en réduisant leurs effets indésirables, présente un potentiel non négligeable, notamment grâce à ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires dans la prévention et le traitement des cancers.

Il est vrai que des études in vitro semblent indiquer que la curcumine aurait la capacité d’inhiber la multiplication des cellules cancéreuses par la fabrication d’enzymes destructrices, notamment par induction de l’apoptose (mort cellulaire programmée, innée et spontanée). Cependant, c’est sa biodisponibilité qui limite son absorption et son assimilation. Pour améliorer cette absorption, il convient d’ajouter, entre autres, de la pipérine. En effet, la curcumine seule est très peu absorbée et assimilée, passant directement dans la voie intestinale.

D’autres techniques pour obtenir une meilleure biodisponibilité ont été utilisées, comme les nanoparticules de curcumine, le polysorbate 80 ou les gamma-cyclodextrines. Ces procédés augmentent certes la biodisponibilité, mais certaines techniques restent très controversées.

Certains laboratoires innovants ont mis au point des techniques d’encapsulation pour améliorer cette biodisponibilité, notamment avec des fibres de fenugrec dérivées de galactomannanes, sans omettre son association avec de la quercétine, qui agit comme antioxydant contre le stress oxydatif, comme anti-inflammatoire, et avec de la vitamine E (antioxydant). Ainsi, les Laboratoires COPMED permettent une biodisponibilité très élevée de curcuminoïdes.

Voilà pourquoi il faut être très prudent concernant les propriétés thérapeutiques présumées du curcuma, que ce soit en complément alimentaire ou comme épice dans nos plats.

Il est à noter que cette épice est soluble dans les graisses et dans l’eau. C’est pourquoi l’on parle actuellement de phospholipides pour augmenter son absorption.

Mon opinion : il n’existe aucun produit anticancéreux, mais seulement des éléments spécifiques au corps humain qui ne provoquent pas par extension la multiplication anarchique des cellules, même si les propriétés antioxydantes ont été reconnues officiellement.

On comprend donc parfaitement que la véritable barrière anticancer ne réside pas dans un produit miraculeux, quel qu’il soit, mais dans un bon système nerveux, non perturbé par un stress non accepté, et dans un bon système immunitaire, non perturbé par des médications antisymptomatiques outrancières.

Voilà pourquoi je pense très sincèrement que les premières réformes anticancéreuses sont :

  • Plaisir,
  • Rire,
  • Passion,
  • Folies,
  • Envies,
  • États de conscience,
  • Partage.

LE GINGEMBRE

Il est une autre épice sous forme de racine que j’aime bien utiliser en cette période hivernale : le gingembre. C'est une épice originaire de l’Inde, très utilisée dans la médecine traditionnelle ayurvédique, aux multiples bienfaits : antifatigue, stimulant, anti-inflammatoire, idéal pour combattre les maux de l’hiver. Il s’utilise râpé sur des crudités ou en infusion.

Que du plaisir grâce à sa saveur piquante et très exotique, que l’on peut utiliser très facilement dans notre cuisine quotidienne.

Là encore, cette épice a longtemps eu la réputation erronée de puissant aphrodisiaque, sans aucune accréditation scientifique, malgré ses effets stimulants.

Cela en fait un très bon antifatigue et un excellent remède en décoction, notamment en cas de rhume ou de maux de gorge.

Il est à noter qu’en médecine chinoise, le gingembre a pour effet de stimuler les glandes surrénales grâce à leur pouvoir énergétique par la fabrication du cortisol.

Le gingembre, comme le curcuma, a un rôle inéluctable d’anti-inflammatoire, notamment pour diminuer les douleurs articulaires, mais aussi au niveau intestinal.

Son rôle d’antioxydant est très étudié et pourrait provoquer l’arrêt du développement des cellules cancéreuses, voire engendrer leur mort, un suicide programmé physiologiquement de ces mêmes cellules anarchiques.

LA CORIANDRE

Quant à la coriandre (Coriandrum sativum), je ne peux pas retirer de ma mémoire gustative l’arôme et le goût bien spéciaux et caractéristiques de cette plante, que l’on peut utiliser en graines ou en feuilles (même si celles-ci sont dites plantes aromatiques). Utilisée depuis l’Antiquité par les Arabes, notamment dans les plats, la coriandre est typique des fameuses côtelettes d’agneau, en rehaussant le goût de cette viande.

On lui a attribué des vertus aphrodisiaques et stimulantes, voire la capacité de guérir la peste et l’épilepsie ! Il est à noter que, déjà dans le papyrus d’Ebers, Pline l’Ancien cite l’utilisation de cette épice dans le traitement des blessures et autres pathologies cutanées.

La coriandre, comme beaucoup d’épices, est digestive, carminative, stomachique, antispasmodique, fongicide, vermifuge et aide aux fonctions intestinales, notamment pour éviter les ballonnements.

Elle est également bactéricide, viricide, stimulante, excitante, antioxydante et efficace contre les nausées des femmes enceintes.

Très riche en vitamine K, qui est importante dans la fabrication du fibrinogène (protéine organique hépatique permettant au sang de coaguler si nécessaire), elle doit être consommée avec précaution en cas de traitement anticoagulant.

On attribue encore à la coriandre des propriétés contre le cancer, la maladie d’Alzheimer, ainsi que la capacité de réduire le LDL (dit « mauvais cholestérol ») et de faire baisser le taux de glycémie.

Utilisation : saupoudrez vos aliments avec un peu de poudre de coriandre lyophilisée, mais le mieux est de ciseler quelques feuilles bios de coriandre sur vos plats.

coriandre

LA CANNELLE

La cannelle, dont la réputation est totalement surfaite concernant ses effets pseudo-aphrodisiaques, est originaire du Sri Lanka depuis plus de 5 000 ans (l’île de Ceylan).

C’est une des épices les plus connues en cuisine et en médecine traditionnelle ayurvédique.

Très riche en coumarine, dont l’excès peut être hépatotoxique et fluidifiant sanguin, elle doit être consommée avec précaution en cas de traitement anticoagulant.

Il faut préférer l’écorce de cannelle de Ceylan à celle de Chine, qui contient beaucoup plus de coumarine.

On la trouve en poudre, mais aussi en bâtonnets qu’il convient de gratter pour parfumer différents plats salés ou sucrés.

Chacun garde en mémoire les compotes de pommes épicées à la cannelle de nos grands-mères, qui ne connaissaient peut-être pas ses propriétés carminatives, digestives, antioxydantes, antibactériennes et anti-inflammatoires. Elle est également riche en minéraux et vitamines, ce qui permet une meilleure action de notre système immunitaire.

Cependant, ma grand-mère, comme ma petite maman, utilisait cette épice notamment en hiver, en cas de rhume, de fièvre et de fatigue, car sa propriété tonifiante n’est plus à démontrer.

Son action antioxydante est due à sa teneur importante en proanthocyanidines et en cinnamaldéhyde, ce qui permet de lutter contre les effets négatifs des radicaux libres liés au stress et ainsi de prévenir les pathologies dégénératives liées au vieillissement.

Il est à noter que son utilisation dans le cas du diabète de type 2, c'est-à-dire non insulinodépendant, ne nécessitant pas d’injection d’insuline, explique pourquoi on surnomme la cannelle « l’insuline du pauvre ».

LE PAPRIKA

paprika

Le paprika, épice originaire d’Amazonie, du Brésil et de Colombie, est aussi connu sous le nom de poivre rouge ou encore poivre des pauvres.

Il est riche en capsaïcine, un alcaloïde qui stimule la fabrication de deux hormones : l’adrénaline et la noradrénaline, permettant de mieux gérer le stress bien connu de notre société moderne, mais aussi de « brûler les sucres et les graisses ». Ainsi, le paprika peut être conseillé au cours des régimes amaigrissants.

Mais le paprika contient également des caroténoïdes, de la vitamine B6 (bénéfique pour l’éclat des cheveux) et de la vitamine E, ce qui en fait un excellent antioxydant, notamment pour les pathologies cardiovasculaires, nerveuses et dégénératives.

Par sa teneur en fer, le paprika joue un rôle non négligeable dans le transport de l’oxygène et contribue, dans une certaine mesure, à lutter contre les problèmes d’anémie.

Les épices sont précieuses pour notre bien-être, mais doivent être consommées avec modération. Comme le disait Paracelse : « Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose compte. » 

On retrouve cette épice dans le fameux « goulash » des Hongrois, mais aussi en Espagne, où elle est utilisée dans la paella, les tapas et autres plats préparés en marinade, notamment pour les gambas.

Utilisation : à titre personnel, je l’emploie en fin de cuisson, en grande quantité, pour sa douceur et surtout pour sa couleur prononcée, que je trouve très belle et apéritive.

Sa composition élevée en vitamine C a valu à Albert Szent-Györgyi le prix Nobel de médecine en 1937 pour cette découverte !

MES SOLUTIONS NATURELLES

Quelques solutions naturelles pour celles ou ceux qui ne supportent pas ces épices de façon culinaire :

▶️Curcucétine® : Nutriphy® Curcumin 102 (270 fois plus biodisponible), quercétine, vitamine E.

Protection contre le stress oxydatif et les inflammations, bon soutien nutritionnel pendant les longues maladies ainsi qu’au bon fonctionnement du système digestif et immunitaire.

1 gélule par jour avant un repas avec un peu d’eau

▶️Curcuma synergisé : extrait de racine de curcuma, grain de poivre avec pipérine, vit C, vit B, manganèse, cuivre, sélénium.

1 à 3 gélules par jour, au moment des repas avec un peu d’eau

▶️Glycophytol® : Portusana® (extrait de pourprier concentré), berbérine, fenugrec, cannelle, chrome, zinc, vitamine E.

Régule la glycémie, conseillé en cas de prédiabète

2 gélules par jour à prendre de préférence au moment des repas avec un peu d’eau

▶️ Aroma Gastro-intestinal : Basilic, carvi, thym, menthe poivrée, arbre à thé, cannelle, clou de girofle.

Action antispasmodique, apaise les troubles gastriques et intestinaux, assainit les voies digestives et renforce les défenses naturelles.

1 gélule le matin, midi et soir avant les repas pendant 5 jours

▶️ Chlorella synergisée : ail des ours, coriandre, chlorella.

1 à 3 gélules par jour au moment des repas avec un peu d’eau

Christian Brun

Christian BRUN

Professeur de Naturopathie CENATHO - Paris

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