La santé de la femme et le confort féminin

Microbiote et endométriose : un lien qui mérite toute notre attention

Rédigé par Experts COPMED
25/11/2025
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Ballonnements, constipation, diarrhée… 90 % des femmes concernées par l’endométriose souffrent aussi de troubles digestifs[1]. Ce lien entre microbiote et endométriose interroge : et si l’intestin avait un rôle dans cette maladie gynécologique ? De plus en plus d’études explorent cette relation et permettent ainsi d’ouvrir la voie à de nouvelles pistes de compréhension et de prise en charge[2].

SOMMAIRE :

  1. Microbiote et endométriose : de quoi parle-t-on ?
  2. Un microbiote déséquilibré est un terrain propice à l’endométriose
  3. Restaurer l’équilibre du microbiote pour mieux gérer l’endométriose

MICROBIOTE ET ENDOMÉTRIOSE : DE QUOI PARLE-T-ON ?

Trouver des solutions naturelles pour mieux vivre avec l’endométriose commence par mieux comprendre son corps. Si l’endométriose est de plus en plus reconnue pour ses sensations de douleurs menstruelles et ses troubles sur l’infertilité, elle dépasse largement le cadre gynécologique. 

En effet, de nombreuses femmes ressentent aussi des troubles digestifs, de la fatigue ou des inflammations chroniques qui sont des signes que d’autres mécanismes biologiques sont impliqués. Parmi eux, le microbiote est un écosystème complexe composé de milliards de micro-organismes principalement situés dans l’intestin.

L’endométriose en quelques mots

L’endométriose est une maladie gynécologique dans laquelle des cellules semblables à celles de l’endomètre se développent en dehors de l’utérus. Ces cellules réagissent aux variations hormonales du cycle menstruel et peuvent provoquer des inflammations chroniques, des sensations de douleurs et des adhérences au niveau des organes environnants (ovaires, trompes, intestins, vessie…).

Si les causes exactes de l’endométriose ne sont pas encore totalement élucidées, plusieurs facteurs sont évoqués : prédisposition génétique, dérèglements hormonaux, anomalies immunitaires et inflammation chronique. Mais un nouvel élément attire l’attention des chercheurs : le microbiote et son impact sur l’équilibre hormonal[3] .

À RETENIR

✅90 % des femmes atteintes d’endométriose sont aussi concernées par des troubles digestifs, suggérant un lien fort entre microbiote intestinal et maladie gynécologique.

✅Un microbiote déséquilibré peut favoriser l’inflammation et perturber l’immunité, contribuant ainsi à la progression de l’endométriose.

✅La dysbiose intestinale et vaginale est fréquemment observée chez les femmes atteintes d’endométriose, ce qui peut accentuer les douleurs, les troubles digestifs et les déséquilibres hormonaux.

✅Le microbiote influence le métabolisme des œstrogènes : une flore intestinale altérée ralentit leur élimination et peut aggraver les symptômes hormonaux de l’endométriose.

✅Une approche naturelle et holistique combinant alimentation, probiotiques, gestion du stress, sommeil et activité physique peut aider à rétablir un microbiote équilibré et à mieux gérer l’endométriose au quotidien.

Le rôle de nos microbiomes

Le microbiome représente l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, champignons) qui vivent en symbiose avec notre organisme. Il influence de nombreuses fonctions de l’organisme, de la digestion à la régulation de l’immunité, à la santé mentale en passant par le maintien du poids et la santé cutanée.

Il existe différents microbiotes, chacun ayant un rôle précis dans l’équilibre du corps et la santé féminine :

  • Le microbiote intestinal est impliqué dans la digestion, la régulation de l’immunité et le métabolisme des hormones notamment les œstrogènes.
  • Le microbiote vaginal protège contre les infections en maintenant un environnement stable et équilibré.
  • Le microbiote cutané est une véritable barrière naturelle qui protège la peau contre les agressions extérieures.

UN MICROBIOTE DÉSÉQUILIBRÉ EST UN TERRAIN PROPICE À L’ENDOMÉTRIOSE

Lorsqu’il est perturbé, le microbiote perd sa capacité à réguler correctement l’inflammation et l’équilibre hormonal et peut créer un terrain favorable à l’endométriose. La première chose à comprendre dans ce déséquilibre est le rôle du système immunitaire. En effet, l’endométriose implique une réponse immunitaire altérée qui favorise son développement et sa progression[4]. 

Or, le microbiote interagit étroitement avec le système immunitaire, l’influence dès la naissance et contribue à son bon fonctionnement.

Une altération du système immunitaire

Normalement, le système immunitaire détecte et élimine les cellules qui se développent en dehors de leur emplacement habituel, empêchant ainsi la formation de foyers d’endométriose. Chez les femmes concernées par ce trouble, plusieurs anomalies immunitaires sont observées[4] :

1️⃣Baisse de l’activité des cellules Natural Killer (NK) : ces cellules spécialisées qui sont censées détruire les cellules anormales sont moins actives.

2️⃣Production accrue d’anticorps auto-immunes : le système immunitaire réagit de manière excessive, attaquant parfois ses propres cellules, ce qui entretient un état inflammatoire chronique.

3️⃣Présence de cytokines pro-inflammatoires en excès : ces molécules messagères amplifient l’inflammation et la douleur, contribuant aux lésions et aux adhérences typiques de l’endométriose.

Toutefois, 70 % des cellules immunitaires du corps se trouvent dans l’intestin, où elles sont en interaction permanente avec le microbiote. Un microbiote intestinal en bonne santé aide à moduler cette réponse pour éviter une inflammation excessive ou une réaction inappropriée alors qu’une dysbiose peut entraîner une fragilité immunitaire et des infections plus fréquentes.

L’impact d’une dysbiose sur le bien-être féminin

Un microbiote en bonne santé, diversifié et équilibré, participe à la santé digestive, l’immunité et le métabolisme. Cependant, certains facteurs peuvent perturber cet équilibre et créer un état de dysbiose notamment le stress, une alimentation déséquilibrée, la prise d’antibiotiques, les perturbations hormonales ou encore l’exposition aux toxines environnementales.

La dysbiose n’affecte pas uniquement le transit intestinal. Elle peut aussi entraîner des troubles inflammatoires, hormonaux et immunitaires qui impactent directement la qualité de vie des femmes.

dysbiose

Lorsque l’équilibre du microbiote intestinal est perturbé, la barrière intestinale devient plus perméable, un phénomène connu sous le nom d’hyperperméabilité intestinale. Les jonctions entre les cellules de la paroi intestinale se relâchent et laissent passer des toxines ou des fragments bactériens dans la circulation sanguine. Cela stimule excessivement le système immunitaire, favorisant ainsi une inflammation chronique qui peut aggraver les sensations de douleurs associées à l’endométriose.

En parallèle, la composition du microbiote intestinal et vaginal est souvent altérée. Une diminution des Lactobacillus, la famille de bactéries essentielles au maintien d’un environnement équilibré, affaiblit la protection naturelle contre les infections. Ce déséquilibre favorise la prolifération de bactéries pathogènes, susceptibles d’amplifier l’inflammation locale et de perturber encore davantage l’immunité.

Dysbiose et troubles digestifs : l'exemple du "endobelly"

L’endométriose ne se manifeste pas uniquement par des douleurs pelviennes ou des troubles menstruels. De nombreuses femmes décrivent un autre inconfort : le "endobelly", un gonflement abdominal douloureux et soudain qui peut durer plusieurs heures, voire plusieurs jours[6].

  • Un ventre qui gonfle de manière imprévisible parfois en quelques heures seulement.
  • Une sensation de pression et de lourdeur avec un ventre dur au toucher.
  • Des douleurs abdominales associées à des troubles digestifs (constipation, diarrhée, nausées).
  • Un impact visible sur la silhouette qui peut être source de gêne et d’inconfort.

Une dysbiose peut amplifier ces troubles digestifs en favorisant la fermentation excessive des aliments, responsable de gaz et de ballonnements et en altérant la perméabilité intestinale. Enfin, le lien entre microbiote vaginal et intestinal ne doit pas être négligé. Une flore vaginale déséquilibrée peut affecter l’immunité locale et favoriser l’inflammation intestinale, aggravant ainsi ces troubles.

Qu’est-ce que l’endométriose digestive ?

L’endométriose digestive se caractérise par la présence de lésions sur les organes du tube digestif et peut être la source de désagréments qui ressemblent à des troubles digestifs courants. Selon leur emplacement, ces lésions peuvent provoquer :

  • Au niveau du rectum : des douleurs à la défécation, une sensation d’inconfort lors des selles, ainsi qu’une alternance entre constipation et diarrhée.
  • Dans l’intestin grêle : des ballonnements persistants, des douleurs abdominales diffuses et parfois des troubles de l’absorption des nutriments, pouvant entraîner des carences.
  • Dans le côlon et, plus rarement, l’estomac : des manifestations qui imitent des pathologies digestives comme le syndrome de l’intestin irritable ou la maladie de Crohn, retardant ainsi le diagnostic et la prise en charge adaptée.

Dysbiose et équilibre hormonal

Le microbiote intestinal participe à  la dégradation et l’élimination des œstrogènes via l’axe intestin-foie. En cas de dysbiose, ce processus est altéré, entraînant une réabsorption excessive des œstrogènes et un excès hormonal dans l’organisme[7],[8].

Cet excès d’œstrogènes peut avoir plusieurs conséquences dont une inflammation chronique, la prolifération des cellules d’endométriose et des dérèglements hormonaux.

dysbiose et équilibre hormonal

RESTAURER L’ÉQUILIBRE DU MICROBIOTE POUR MIEUX GÉRER L’ENDOMÉTRIOSE

Un déséquilibre du microbiote peut aggraver l’inflammation et les troubles digestifs associés à l’endométriose. Heureusement, certaines habitudes naturelles peuvent aider à rétablir un équilibre bénéfique au quotidien :

✅Miser sur une alimentation adaptée : une alimentation riche en fibres prébiotiques aide à nourrir les bonnes bactéries intestinales et à renforcer la barrière intestinale. Les aliments fermentés, comme le kéfir ou la choucroute, apportent naturellement des probiotiques favorisant un microbiote diversifié. À l’inverse, les sucres raffinés et les aliments ultra-transformés peuvent favoriser l’inflammation et déséquilibrer la flore intestinale et hormonale.

✅Soutenir son microbiote avec une complémentation adaptée : parfois, l’alimentation seule ne suffit pas. Les probiotiques (comme certaines souches de Lactobacillus et Bifidobacterium) peuvent aider à rééquilibrer la flore intestinale et vaginale. En parallèle, certaines plantes traditionnellement utilisées, comme le curcuma, le gingembre ou la mélisse, apportent le confort digestif et contribuent au bien-être global.

✅Prendre soin de son hygiène de vie : le stress chronique altère la diversité bactérienne et favorise l’inflammation. Apprendre à mieux le gérer grâce à la méditation, la respiration profonde ou le yoga peut avoir un impact positif sur l’axe intestin-cerveau et l’immunité.

✅Favoriser un sommeil de qualité : Le sommeil participe à l’équilibre du microbiote. Pour favoriser un bon rythme, il est conseillé de réduire les écrans le soir, privilégier un dîner léger et instaurer une routine de sommeil régulière.

✅Bouger pour un microbiote plus diversifié : l’activité physique stimule la production de bonnes bactéries et améliore la réponse immunitaire. Des exercices modérés comme la marche, la natation ou le yoga favorisent un meilleur équilibre hormonal et digestif tout en réduisant l’inflammation.

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Notre équipe de rédacteurs est composée de docteurs en médecine, biochimistes, naturopathes et d’experts en nutrition, micronutrition et diététique. 

Sources : 

[1] - Maroun P, Cooper MJ, Reid GD, Keirse MJ. Relevance of gastrointestinal symptoms in endometriosis. Aust N Z J Obstet Gynaecol. 2009 Aug;49(4):411-4. doi: 10.1111/j.1479-828X.2009.01030.x. PMID: 19694698.

[2] - Wei, W., Zhang, X., Tang, H. et al. Microbiota composition and distribution along the female reproductive tract of women with endometriosis. Ann Clin Microbiol Antimicrob 19, 15 (2020).  

[3] – Leonardi M, Hicks C, El-Assaad F, El-Omar E, Condous G. Endometriosis and the microbiome: a systematic review. BJOG. 2020 Jan;127(2):239-249. doi: 10.1111/1471-0528.15916. Epub 2019 Sep 19. PMID: 31454452.

[4] – Zizolfi B, Foreste V, Gallo A, Martone S, Giampaolino P, Di Spiezio Sardo A. Endometriosis and dysbiosis: State of art. Front Endocrinol (Lausanne). 2023 Feb 20;14:1140774. doi: 10.3389/fendo.2023.1140774. PMID: 36891056; PMCID: PMC9986482.

[5] – Abramiuk M, Grywalska E, Małkowska P, Sierawska O, Hrynkiewicz R, Niedźwiedzka-Rystwej P. The Role of the Immune System in the Development of Endometriosis. Cells. 2022 Jun 25;11(13):2028. doi: 10.3390/cells11132028. PMID: 35805112; PMCID: PMC9265783.

[6] – Velho RV, Werner F, Mechsner S. Endo Belly: What Is It and Why Does It Happen?-A Narrative Review. J Clin Med. 2023 Nov 19;12(22):7176. doi: 10.3390/jcm12227176. PMID: 38002788; PMCID: PMC10671958.

[7] – Jiang I, Yong PJ, Allaire C, Bedaiwy MA. Intricate Connections between the Microbiota and Endometriosis. Int J Mol Sci. 2021 May 26;22(11):5644. doi: 10.3390/ijms22115644. PMID: 34073257; PMCID: PMC8198999.

[8] - Baker JM, Al-Nakkash L, Herbst-Kralovetz MM. Estrogen-gut microbiome axis: Physiological and clinical implications. Maturitas. 2017 Sep;103:45-53. doi: 10.1016/j.maturitas.2017.06.025. Epub 2017 Jun 23. PMID: 28778332.

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