La santé de la femme et le confort féminin

Réinventer la ménopause : déconstruire les mythes et repenser l'accompagnement

Rédigé par Experts COPMED
07/08/2025

ACCUEILLIR LA MÉNOPAUSE AUTREMENT

Longtemps perçue comme une perte, une fin ou une dégradation du corps, la ménopause reste entourée de nombreux tabous et idées reçues. Pourtant, si nous changions de regard, cette transition de vie pourrait être vue comme une renaissance, un passage vers une version plus libre et plus consciente de soi-même.

Les avancées en neurosciences, en naturopathie et en médecine intégrative nous montrent qu’accompagner la ménopause avec bienveillance et connaissance permet d’en faire un véritable levier de transformation.

Cet article propose une approche holistique à travers cinq clés essentielles qui permettent d’aborder la ménopause avec sérénité et vitalité.

PRENDRE SOIN DU CORPS : ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT AVEC DOUCEUR

Bien sûr, le corps physique est celui qui est le mieux maîtrisé par la médecine et c'est en plus celui qui crie le plus fort lorsque la femme traverse les bouleversements hormonaux de la ménopause.

La tentation est grande, évidemment, de proposer à ces femmes de corriger les déficits, façonner, sculpter, lisser leur corps, aplanir les différences, voire discipliner ce corps pour le maintenir dans les codes normatifs des femmes fécondes.

Pourtant, cette femme a précisément passé l'âge de se faire violence pour rentrer dans le moule.

Il est essentiel de l'aider à écouter son corps au lieu de le contraindre.

Plutôt que de se focaliser sur ce qui disparaît (les cycles, la fertilité), il s’agit de soutenir ce qui se transforme. Et cela se fera en douceur en s'appuyant sur les organes clés du bien-être hormonal.

Le foie : le chef d'orchestre hormonal

Le foie joue un rôle majeur dans la régulation des hormones. Or, s'il est surchargé, il peut entraîner davantage de déséquilibres hormonaux. Une vraie détoxification en naturopathie commence par la suppression des polluants.

C'est notre rôle d'éducateur de santé d'amener les actientes à prendre conscience de tous les polluants qu'elles laissent entrer dans leur corps : les polluants dans l'alimentation et l'environnement mais aussi les xénœstrogènes dans les cosmétiques, les soins d'hygiène et les produits d'entretien.

Si cela ne suffit pas, on peut donner un petit coup de pouce avec des techniques manuelles comme le drainage lymphatique, la réflexologie plantaire ou encore l'acupuncture, sans oublier de préconiser une alimentation hypotoxique : aliments riches en composés soufrés, en antioxydants, en fibres, en acides gras de qualité…

Bien sûr certaines plantes pourront être données en renfort et la préférence ira vers les hépatoprotectrices comme le chardon-Marie, le desmodium, le romarin.

L’intestin : notre deuxième cerveau

L’intestin joue un rôle fondamental dans l’élimination des toxines et des hormones usagées, notamment celles traitées par le foie. Normalement, ces substances sont évacuées par les selles, mais si le transit intestinal est perturbé, elles peuvent être réabsorbées et remises en circulation, contribuant à un déséquilibre hormonal.

L’équilibre du microbiote intestinal est donc, lui aussi, essentiel pour éviter la recirculation des toxines et maintenir une digestion fluide avec une bonne assimilation des nutriments. 

De plus, avec la chute hormonale, le périnée qui participe à la défécation, perd en tonicité et en souplesse, compliquant l’expulsion des selles et aggravant la constipation. Ce phénomène crée un cercle vicieux : plus le transit est difficile, plus le périnée est sollicité et fragilisé.

Une alimentation anti-inflammatoire, riche en fibres et en probiotiques, une hydratation suffisante et un périnée dont on prend soin, c'est-à-dire à qui on redonne toute sa souplesse et sa tonicité sont des clés pour soutenir l'intestin.

Les glandes surrénales : relais hormonal à la ménopause

Les glandes surrénales jouent un rôle clé dans la gestion du stress en produisant du cortisol et de l'adrénaline. Mais elles sont également un relais hormonal essentiel à la ménopause.

En effet, lorsque les ovaires cessent progressivement de produire des œstrogènes et de la progestérone, les surrénales prennent le relais en fabriquant des précurseurs hormonaux, notamment la DHEA (déhydroépiandrostérone), qui peut être convertie en œstrogènes et en testostérone.

Si les surrénales sont déjà surmenées par un excès de stress chronique, leur capacité à compenser la baisse hormonale des ovaires s’affaiblit. Cela entraîne fatigue chronique (épuisement des surrénales), prise de poids abdominale (excès de cortisol), diminution de la vitalité et de la libido, fragilité émotionnelle accrue (anxiété, irritabilité)

Comment soutenir les surrénales à la ménopause ?

  • Gérer le stress : relaxation, respiration diaphragmatique, yoga et méditation, et surtout suppression de la cause.
  • ✅ Adopter une hygiène de vie adaptée : un sommeil de qualité, des repas riches en nutriments et une hydratation suffisante soutiennent la fonction surrénalienne.
  • Utiliser les plantes adaptogènes : ashwagandha (Withania somnifera) pour réguler le cortisol et favoriser le sommeil réparateur, la rhodiola (Rhodiola rosea) pour améliorer la résistance au stress et réduire la fatigue, le ginseng sibérien (Eleutherococcus senticosus) pour soutenir l’énergie et la concentration.
  • Éviter les excitants : la caféine et le sucre stimulent excessivement les surrénales et aggravent leur fatigue à long terme.

La thyroïde : le régulateur du métabolisme

Véritable chef d’orchestre du métabolisme, la thyroïde régule la production d’énergie, la température corporelle, le poids, l’humeur et même la santé cardiovasculaire.

À la ménopause, elle est souvent mise à rude épreuve en raison des fluctuations hormonales et du stress chronique, qui perturbent son bon fonctionnement.

Comment soutenir naturellement la thyroïde à la ménopause ?

1️⃣ Apporter les nutriments essentiels : iode (algues, fruits de mer, œufs) pour stimuler la production des hormones thyroïdiennes, sélénium (noix du Brésil, champignons, poissons gras) pour protéger la thyroïde contre l’inflammation, zinc (graines de courge, viandes, légumineuses) pour favoriser la conversion de la T4 en T3 active.

2️⃣Éviter les perturbateurs thyroïdiens : pesticides, plastiques (bisphénols), fluor… qui peuvent interférer avec l’absorption de l’iode.

3️⃣Gérer le stress, encore lui.

4️⃣Stimuler la circulation et l’oxygénation de la glande thyroïde : activité physique régulière, massages doux de la zone du cou.

PRENDRE SOIN DE SON MENTAL : ET SI TOUT ÉTAIT UNE QUESTION DE PERCEPTION ET DE CROYANCES LIMITANTES ?

C'est à Charles de Gardanne, médecin français, que l'on doit le terme ménopause construit à partir de la racine grecque meniaia (menstrues) et pausis (fin). Non content de créer le mot, il crée aussi toute une série de maux qui l'accompagnent, à savoir : fièvre, inflammations, ulcères, hémorroïdes, tumeurs et flétrissements des mamelles (sic)… 

En nommant la ménopause et en l’associant à une "maladie", de Gardanne a posé les bases d’une vision pathologique de cette étape de vie. Cette approche médicalisante a marqué un tournant dans la perception de la ménopause, qui jusque-là était davantage considérée comme un passage naturel dans le vieillissement féminin.

Le XIXe siècle connaît aussi l'essor de la psychiatrie qui renforce l’idée que la ménopause est une période de déséquilibre mental. Certaines femmes ménopausées sont internées pour "hystérie", "mélancolie" ou "folie". Enfin, début du XXe siècle, avec l’endocrinologie, la ménopause n’est plus seulement un problème nerveux mais une déficience hormonale.

Les neurosciences à la rescousse

Le problème est qu'en 2025, nous utilisons encore un mot inventé par un homme en 1821, un mot qui contient encore toutes les connotations de l'époque, alors que dans certaines sociétés, la ménopause est perçue comme une libération et s’accompagne de peu de symptômes.

Dans certaines tribus africaines, par exemple, ou au Japon ou encore chez les Amérindiennes, le statut de la femme ménopausée lui confère un rang bien plus enviable que celui de la femme occidentale et, fait du hasard ? les symptômes répertoriés ne sont pas du tout les mêmes, quand ils ne sont pas carrément absents.

Dans le cadre de la ménopause, l'effet nocebo joue, en effet, un rôle significatif.

Si une femme est conditionnée à penser que la ménopause est une période difficile marquée par des troubles inévitables (bouffées de chaleur, fatigue, dépression, prise de poids), elle risque d’intensifier ces symptômes par son propre état d’esprit. Heureusement, des techniques comme la restructuration cognitive, la visualisation positive, la PNL et la méditation peuvent aider à "reprogrammer" le cerveau, grâce à la neuroplasticité de ce dernier.

En aidant les femmes à adopter une vision plus ouverte et en déconstruisant les idées limitantes, elle est alors en mesure d’accueillir la ménopause comme une opportunité d’évolution plutôt que comme l'expression de la décrépitude d'un corps vieillissant.

PRENDRE SOIN DE L'ÉMOTIONNEL : L’IMPACT DU PSYCHISME SUR LE CORPS

Les émotions sont traitées dans le système limbique, une zone du cerveau impliquée dans la gestion des réponses émotionnelles et du stress. Lorsqu’une émotion survient – qu’il s’agisse de peur, de joie, de tristesse ou de colère – elle entraîne simultanément une réaction psychologique et une manifestation physique : tensions musculaires, gorge nouée, boule au ventre, mains moites ou encore sensation de vide dans les jambes. Elles ne sont ni positives ni négatives, elles sont des signaux à écouter.

Le lien entre émotions et physiologie est fondamental, car les émotions influencent directement la chimie du corps. Une mauvaise gestion émotionnelle peut accentuer les déséquilibres hormonaux déjà présents à la ménopause.

Les hormones, en retour, modulent aussi notre état émotionnel.

La ménopause est donc une période où le dialogue entre hormones et émotions devient particulièrement intense. Une meilleure compréhension de ce lien permet d’agir efficacement pour préserver l’équilibre hormonal et émotionnel, à travers des outils comme la gestion du stress, la Roue des émotions, la relaxation, l’activité physique, une alimentation adaptée. Bien sûr les plantes adaptogènes déjà citées pourront venir en renfort, le temps de mener ce travail d'accueil et de décodage des émotions.

PRENDRE SOIN DU SPIRITUEL : REMETTRE DU SENS DANS SA MÉNOPAUSE

Dans plusieurs traditions, la ménopause est perçue non comme une fin, mais comme un rite de passage vers une sagesse nouvelle. Les Amérindiennes y voient un temps de connexion à leur cycle intérieur, même sans menstruations, pour rester en harmonie avec les rythmes de la nature.

Dans la tradition biblique, cette période marque le début d’une gestation intérieure, où la femme est invitée à enfanter son "enfant divin", une version plus authentique et créative d’elle-même.

Cette énergie nouvelle se manifeste souvent par un élan créatif : peinture, écriture, musique, entrepreneuriat… autant de façons d’exprimer une "seconde maternité" tournée vers soi et le monde. Pourtant, de nombreuses femmes restent happées par les responsabilités familiales et professionnelles, les empêchant d’embrasser pleinement cette transformation.

La ménopause est aussi une invitation à redonner du sens à sa vie : revisiter ses choix, son bien-être, sa place dans la société, dans son couple…

C’est, pour chaque femme, un moment "pause" pour se questionner sur ses aspirations profondes et faire des choix alignés avec ses valeurs, retrouver son autonomie, transformer ses symptômes en messages et incarner la femme solaire qu’elle devient.

PRENDRE SOIN DE L’ÉNERGIE DE VIE : DÉSIR ET LIBIDO

Contrairement aux idées reçues, le manque de désir à la ménopause n'est pas dû essentiellement à un déséquilibre hormonal.

Ménopause et libido : trois sources de perte de désir

À la ménopause, la chute de la libido peut avoir plusieurs origines, souvent interconnectées.

1️⃣ La perte du désir de l’autre : ce moment de pause amène souvent à questionner le couple et les concessions faites au fil du temps. Avec l’âge, la tolérance aux compromis diminue et certaines femmes réalisent que leur partenaire ne suscite plus de désir en elles. Le couple, jadis un refuge, peut devenir un frein à l’épanouissement intime.

2️⃣ Le rejet de la relation sexuelle installée : parfois, ce n’est pas l’autre qui ne plaît plus, mais la routine sexuelle qui s’est figée au fil des années. Une sexualité devenue mécanique, peu stimulante ou douloureuse érode l’anticipation du plaisir. C'est le moment de réinventer la relation et oser explorer de nouvelles formes d’intimité basées sur le plaisir et la complicité.

3️⃣ La perte du désir de soi : difficile de désirer l’autre lorsqu’on ne se reconnaît plus soi-même. L’image du corps qui change peut altérer la confiance et éloigner de l’intimité. Se réapproprier son corps, apprendre à s’aimer à nouveau seront les défis de cette étape.

CONCLUSION

Déconstruire les clichés et adopter une approche holistique, plutôt que de voir la ménopause comme une fatalité. Cette approche en cinq clés permet d’aborder cette période de vie avec plus de conscience, de douceur et de puissance.

Les professionnels de santé que nous sommes ont un rôle essentiel à jouer dans cette transformation de regard. En intégrant une approche globale, nous pouvons accompagner les femmes dans cette transition et leur permettre de traverser la ménopause avec sérénité, énergie et confiance.

Ensemble, réinventons la ménopause pour en faire un passage vers la plénitude et la liberté.

Livre : "Le livre de la ménopause de la femme lunaire à la femme solaire"

Cet ouvrage montre que la ménopause n’est ni une maladie ni une période de déclin, mais plutôt une étape privilégiée pour renouer avec son savoir intérieur, retrouver sa force et révéler la femme lumineuse présente en chacune. Conçu à la fois pour les femmes en préménopause ou ménopause et pour les professionnels de santé, il propose des conseils concrets, des récits inspirants ainsi qu’un carnet d’exercices pour traverser cette transition avec sérénité et équilibre.

Salomé Mulongo

Doula de transition, Naturopathe

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