La nutrition et votre santé

Salicylates, oxalates, lectines… Faut-il s’en méfier ?

Rédigé par Experts COPMED
08/08/2025

S’alimenter sainement, manger vrai, vivant, varié, coloré en favorisant une agriculture biologique ou raisonnée, de saison, c’est l’adage que personne ne remet en question.

L’adoption de diète alimentaire à base de végétaux, céréales complètes, noix, graines, oléagineux et huiles végétales a été proposée comme une stratégie efficace dans la prévention de plusieurs maladies chroniques principalement liées à un stress oxydatif accru.                         

Des effets bénéfiques sur le poids, le contrôle de la glycémie, le profil lipidique, les maladies cardiovasculaires et la réponse inflammatoire ont été décrits dans plusieurs publications médicales.

La consommation de fruits et de légumes a été associée à une réduction du risque de mortalité toutes causes confondues (Olaya et al., 2019).

Pour autant, j’entends souvent mes consultants me dire : « Je mange sain, mais ce n’est pas pour cela que je suis en pleine forme ! »

« Je me sens souvent barbouillé, ballonné alors que je cuisine à la maison, que je mange beaucoup plus de légumes, de fruits, d’oléagineux qu’avant…, je ne comprends pas ! ».

En termes d’alimentation et de nutrition, il est temps de revenir aux fondamentaux et d’écouter son corps.

Les médecines ancestrales, chinoises et ayurvédiques notamment, le prônent depuis toujours.

Manger varié, un peu de tout, en respectant les saisons et en écoutant ses capacités digestives et de détoxication, c’est la condition pour être « nourri », au vrai sens du terme.

Avez-vous déjà entendu parler des salicylates, des oxalates, des lectines ?

Oui, certainement ! Mais quel est vraiment leur impact sur notre santé ?

Sommes-nous tous concernés par ces sensibilités ?

Une étude du Dr Hanns-Wolf Baenkler suggère que 2,5 % des Européens seraient sensibles aux salicylates, avec en pratique clinique, 2 à 7 % des patients concernés par des troubles allergiques

ou digestifs.

La sensibilité aux oxalates est mal quantifiée, avec une composante génétique à prendre en compte. La prévalence pour les lectines est aussi très peu documentée.

Sont-ils aussi problématiques que cela ? Soyons clairs, le corps humain s’adapte au mieux au fil de l’évolution.

VOUS ÊTES PRÊT À Y VOIR PLUS CLAIR ? C’EST PARTI !

Salicylates, oxalates, lectines sont des molécules chimiques synthétisées par les végétaux à l’état naturel pour se défendre des agresseurs extérieurs que sont les animaux, les infections bactériennes, fongiques, virales, les insectes, les dommages causés par les radiations UV, les variations de température…C’est un système de défense naturelle.

Rappelons que les oxalates sont des cristaux grâce auxquels les plantes se protègent du broutage des herbivores, par exemple. Ces molécules sont bénéfiques pour les plantes, mais aussi pour les humains.

Les salicylates ont des propriétés anti-inflammatoires… Pensez à la reine-des-prés, riche en acide salicylique, souvent appelée l’aspirine végétale, proposée en tisane contre les douleurs articulaires par exemple.

Les polyphénols sont plébiscités pour leurs vertus antioxydantes, garantes d’une bonne santé.

Fruits et légumes colorés, oléagineux, légumineuses sont donc considérés comme des aliments Healthy aux allégations de protection cardiovasculaire, antivieillissement, anti-cancer, modulateur de l’immunité…

Quel est le souci ?

Ces molécules ont traditionnellement été considérées comme nocives pour la santé en raison de leur potentiel à limiter la biodisponibilité des nutriments essentiels de notre assiette.

On les appelle des anti-nutriments. Les saponines, les tanins, les phytates, les glucosinolates appartiennent aussi à ce groupe d’anti-nutriments.

Comme pour l’intolérance à l’histamine, le souci ne vient pas de leur présence puisque ces molécules sont quasi-ubiquitaires, mais de leur présence en excès et surtout d’une difficulté à les dégrader.

LES SALICYLATES

Les salicylates font partie de la grande famille des phénols.

Pour les fans de chimie, la molécule possède un noyau benzène à six atomes de carbone et un groupement hydroxyde -OH qui confère les propriétés de la molécule.

Les salicylates sont des dérivés de l’acide salicylique que l’on trouve naturellement dans le saule blanc, la reine-des-prés.

On a fabriqué à partir de cette molécule la célèbre aspirine ou acide acétyl salicylique.

Le seul salicylate dont il a été clairement démontré qu’il provoque des réactions chez certains est l’aspirine. On peut alors avoir une vraie allergie aux salicylés.

Important à savoir : une allergie vraie aux médicaments salicylés laisse présager d’une intolérance aux salicylates !

L’apport quotidien de salicylates dans l’alimentation peut varier de 10 à 200 mg en moyenne. 

Que doit-on retenir ? Il est impossible d’éviter les salicylates ! Ils sont présents dans tous les végétaux.

Quels sont les symptômes d’une intolérance aux salicylates ?

Ces symptômes ressemblent fort à ceux d’une intolérance à l’histamine ou à la clinique d’une allergie saisonnière, d’où la difficulté de diagnostic.

On retrouve :

  • Sinusite, polypes nasaux,
  • Yeux irrités,
  • Asthme : l’intolérance aux salicylés est plus fréquente chez les adultes asthmatiques. 5 à 10 % des asthmatiques adultes seraient affectés par l’AERD (Aspirine-Exacerbated Respiratoire Disease), une forme particulière d’intolérance aux inhibiteurs de la cyclooxygénase-1 (Cox-1), impliquant des symptômes respiratoires exacerbés. Ce chiffre grimpe de 30 à 40 % chez les asthmatiques présentant des polypes nasaux (Baenkler, 2008),
  • Acouphènes,
  • Maux de tête, migraine,
  • Œdèmes du visage, des mains, des pieds,
  • Démangeaisons, urticaire,
  • Troubles digestifs (ballonnements, diarrhée, constipation),
  • Irritabilité, sautes d’humeur, agressivité, hyperactivité,
  • Insomnie,
  • Douleurs musculaires,
  • Énurésie, mictions impérieuses.

Où trouve-t-on ces salicylates ?

Dans l'alimentation : Les quantités les plus importantes se trouvent dans les fruits, les légumes, les épices, les herbes aromatiques (menthe, basilic), les oléagineux (tous sauf la noix de cajou et la graine de Pavot). En référence au poids, les épices se placent en haut du classement ! La poudre de curry, c’est 218 mg de salicylates pour 100 g de poudre. À titre de comparaison, les framboises, considérées comme un aliment à haute teneur en salicylates, ne sont qu’à 4,4 mg pour 100 g !

Parmi les aliments plébiscités dans un régime bas en histamine, on retrouve la courgette (peau), la patate douce, l’endive, l’asperge. riches en salicylates !

Les seuls fruits sans salicylates sont la banane bien mûre et la poire pelée. L’huile de coco et l’huile d’olive sont riches en salicylates !

✅ Dans les produits ménagers pour leur vertu abrasive,

✅ Dans les parfums, les huiles essentielles (HE de gaulthérie pour les douleurs musculaires),

✅ Les cosmétiques pour l’effet exfoliant,

✅ Dans les additifs dont la tartrazine, colorant jaune alimentaire interdit en Norvège, en Finlande, en Autriche, en Tunisie mais autorisé en France dans les moutardes, les chips, les corn-flakes, les soupes instantanées,

✅ Dans les arômes naturels (menthe, citrus),

✅ Dans certains compléments alimentaires ou certains mélanges de probiotiques.

Pourquoi sont-ils mal tolérés ?

Une mauvaise tolérance est en lien avec une difficulté à les dégrader. C’est la voie de phase 2 de conjugaison de la détoxication hépatique qui entre en jeu. La phase 2 de conjugaison a pour rôle de rendre hydrosolubles diverses substances actives lipophiles et toxiques issues de la phase 1, afin de faciliter leur élimination dans la bile ou les urines.

Quels sont les problèmes ?

Une voie de sulfatation (ou sulfoconjugaison) peu efficace. La sulfatation est un processus dans lequel le foie ajoute un groupement sulfate SO3 à une molécule (toxine, médicament, hormone.) grâce à une enzyme sulfotransférase (SULT) afin de rendre la molécule inactive et hydrosoluble. Il peut ne pas avoir suffisamment de groupements SO3 disponibles.

Une voie de la glucuronidation (ou glucuronoconjugaison) qui dysfonctionne par déficit en glucuronides, sous l’action des enzymes UGT (UDP-glucuronyltransférases). Cette voie détoxique les xénobiotiques (polluants, pesticides, perturbateurs endocriniens), certains médicaments (paracétamol, AINS, statines, béta-bloquants, valproate de sodium, lamotrigine, certaines benzodiazépines, morphine, les cannabinoïdes THC et CBD…), les hormones stéroïdiennes (œstrogène, progestérone, testostérone, cortisol), les hormones thyroïdiennes T4 et T3 (sulfatation prépondérante), la bilirubine. On peut retrouver cela dans le syndrome de Gilbert, ou un polymorphisme génétique sur l’UGT entraîne une glucuronidation ralentie.

Une méthylation (cycle des Folates donneurs de méthyles) et une voie du glutathion déficitaires,

Un déficit en PST (Phénolsulfo-transférase), retrouvé chez l’enfant et chez l’adulte avec une difficulté à détoxiquer les salicylates, les phénols d’où une sensibilité accrue.

Le foie est la plaque tournante du métabolisme de nos toxines et des xénobiotiques. On peut sans le savoir, au travers de son assiette, sursolliciter et épuiser le foie.

LES OXALATES

Manger healthy et ne pas en tirer les bénéfices ? Oui, c’est possible.

De nombreux aliments présentés comme superaliments, contiennent des oxalates.

Les oxalates sont des cristaux microscopiques très tranchants et abrasifs, comme des lames de rasoir.

L’acide oxalique est l’acide organique le plus acide présent dans nos fluides corporels.

Petite anecdote : L’antirouille aussi appelé antigel est toxique pour le corps humain… en cause, son pH acide et sa métabolisation en oxalates.

Les oxalates sont des chélateurs de métaux lourds.

On pourrait penser à un atout, mais ces métaux lourds sont séquestrés dans les tissus, au lieu d’être piégés en vue d’être éliminés.

On comprend déjà qu’un travail sur les oxalates doit se faire progressivement afin d’éviter un relargage rapide des métaux lourds tissulaires dans le sang.

Dans les tissus, les oxalates provoquent une irritation et une abrasion de la muqueuse gastro-intestinale, à l’origine notamment, du phénomène d’intolérances alimentaires multiples.

Dans le sang, les oxalates créent des dommages cellulaires irréversibles, bloquent la voie de réparation tissulaire et entravent la production énergétique d’ATP au niveau mitochondrial.

En résumé, stress oxydatif et inflammation de bas grade surviennent entraînant déplétion en micronutriments (les oxalates se lient au Ca, au Mg, au K, au Fe, au P), en glutathion aggravant ainsi le stress oxydatif par absence de recyclage.

Quelles sont les sources d’oxalates ?

  • Le métabolisme humain

Les calculs rénaux (lithiases) sont des cristaux d’oxalate de calcium, ou d’acide urique le plus fréquemment. Ces oxalates forment des sels insolubles avec certains minéraux dont le calcium, le sodium, le fer, le potassium ou certaines molécules organiques, dont l’acide urique. Certaines prédispositions génétiques amènent à fabriquer plus d’oxalates que la normale. Les cristaux d’oxalates peuvent affecter n’importe quel organe ou tissu.

  • L’alimentation

Les grains comme le quinoa, le sarrasin, l'amarante, le seigle, le soja, le tofu, la sauce soja, le thé noir, le café instantané, la bière brune, certains pépins de fruits (orange, raisin), le poivre noir (plus d’une cuillère à café par jour), le cacao pur, le chocolat, le persil, certains fruits (rhubarbe, myrtille, figue, groseille, framboise, kiwi, écorce d’orange et de citron), certains légumes (épinard, betterave, céleri, haricot jaune et vert, blette, carotte, pomme de terre, peau de la courgette, aubergine, poivron rouge et vert, noix).

  • Les champignons

Aspergillus, Pénicillium et Candida albicans produisent des oxalates via le métabolisme du glucose, du glyoxylate ou du glycérol.

D’où vient la toxicité des oxalates ?

Une consommation régulière ou en excès d’aliments riches en oxalates entraîne une accumulation dans le corps, donc une potentielle capacité d’excrétion rénale dépassée.

Un intestin perméable avec passage au travers de la muqueuse intestinale aggrave cette toxicité. La qualité de la bile est essentielle, pour éliminer ce qui doit l’être.

Une fois l’oxalate formé, il se combine normalement au calcium avant d’être excrété dans les selles. Lorsque de grandes quantités de gras non absorbé sont disponibles (par exemple à cause d’une malabsorption de gras), le calcium se lie préférentiellement au gras et non à l’oxalate.

L’oxalate est donc facilement réabsorbé par le colon et se retrouve dans le tractus urinaire.

Dans les affections où il y a présence de malabsorption de gras, le taux d’oxalate dans l’urine est élevé :

  • Un déséquilibre et notamment une diminution des bactéries dégradant les oxalates, notamment Oxalobacter formigenes,
  • Une alimentation carencée en vit B1 et B6, une MICI, une dysbiose ou une candidose chronique, les suites d’un by-pass, entre autres, peuvent entraîner une hyperoxalurie nécessitant une supplémentation micronutritionnelle adaptée.
  • Une toxicité environnementale par exposition aux mycotoxines.
  • Une supplémentation en vitamine C (entre 1 et 2 g/jour), en collagène, en glycine, et la consommation de xylitol pourrait parfois poser problème car ils sont dégradés et recyclés en oxalates dans le corps.

On retrouve :

  • une lithiase rénale (calculs),
  • une hématurie,
  • une difficulté à uriner (miction impérieuse), plus brûlures,
  • une cystite interstitielle,
  • une douleur « exquise » au niveau des lombaires,
  • des douleurs articulaires (crise de Goutte),
  • de la fibromyalgie,
  • des vertiges, un brouillard mental

LES LECTINES

Les lectines sont des phytohémagglutinines, protéines végétales se liant spécifiquement et réversiblement à certains glucides, pour devenir des glycoprotéines.

Elles interviennent dans divers processus biologiques, en particulier la réponse ou reconnaissance immunitaire. Le mot lectine vient d’ailleurs du Latin legere, qui veut dire sélectionner.

Quelles sont les lectines les plus problématiques ?

Elles interfèrent avec l’absorption des micronutriments, tels le calcium, le phosphore, le fer, le zinc. La digestibilité des glucides et des protéines puisqu’il peut y avoir glycation, donc oxydation, inflammation.

Quelles sont les lectines le plus toxiques ?

  • Les solanacées (tomate, aubergine, pomme de terre),
  • Toutes les céréales à gluten (blé, froment, épeautre, petit épeautre, orge, kamut),
  • L’avoine,
  • Le riz complet,
  • Le maïs,
  • Le soja,
  • Les pois chiches, les lentilles, les fèves, les pois cassés,
  • Les cacahuètes, les noix de cajou,
  • Les graines (chia, courge, tournesol.).

Il existe quelques aliments sans lectine.

Il s’agit des noix de macadamia, pécan, Grenoble, de la noix de coco, des pistaches, des châtaignes, des graines de chanvre, de lin, de sésame, de psyllium, du chocolat, du manioc.

Quels sont les symptômes ?

Ils sont digestifs et/ou articulaires ou à type de brûlures musculaires.

À l’état actif (cru), ces lectines provoquent ballonnements, nausées, vomissements, maux d’estomac, diarrhées.

La logique veut que l’on consomme de manière ancestrale, les légumes les plus riches en lectines bien cuits et non crus ! C’est le cas de la pomme de terre, des légumineuses, de l’aubergine, des grains entiers.

La tomate est souvent mangée crue mais ses lectines sont relativement bien tolérées (enlever les pépins au maximum).

Je complète ces sensibilités alimentaires en vous parlant des FODMAPs.

C’est l’acronyme anglo-saxon désignant différents types de fibres fermentescibles (Fermentescible Oligo Di Mono Saccharides And Polyols).

Nous vivons en symbiose avec plusieurs milliards de bactéries. Nous leur apportons de la nourriture, des fibres solubles et des glucides, qui deviennent alors des prébiotiques.

En contrepartie, elles fabriquent des molécules qui nous sont bénéfiques, les AGCC (Acides Gras à Courte Chaîne).

Les AGCC ont un effet bénéfique sur :

  • la perméabilité intestinale,
  • l’inflammation intestinale,
  • l’allergie et l’inflammation à distance à distance (poumon, cerveau, cœur…),
  • la prévention du cancer du côlon.

Ces bactéries productrices d’AGCC sont essentiellement Faecalibacterium prausnitzii, Roseburia, Ruminococcus, Butyrivibrio, Coprococcus.

Quel est le souci avec les FODMAPS ?

Nous avons besoin d’une enzyme, la lactase, pour digérer le lactose (galactose + glucose, disaccharide). Chez l’adulte, la lactase est souvent déficitaire. Le lactose fermente donnant des ballonnements, des gaz, de la diarrhée. C’est l’intolérance au lactose, détectée uniquement par un test respiratoire.

Le fructose ou lévulose est un monosaccharide (miel, dattes) ne nécessitant pas d’être coupé mais dont l’absorption lente nécessite un premier passage hépatique pour être métabolisé en glucose.

Le foie peut ainsi être dépassé. Le fructose entraîne donc de la fermentation bactérienne supplémentaire.

Pour un même symptôme, plusieurs causes sont possibles.

L’éviction des FODMAPs, largement plébiscitée, pas vraiment à raison, n’est pas toujours suffisante voir est inutile.

Par contre, diminuer les FODMAPs les plus fermentescibles, dans un premier temps, peut améliorer la clinique et ainsi procurer au consultant un soulagement.

Que manger ? Comment s’en sortir ?

Pour ne pas diaboliser ces anti-nutriments, des astuces simples peuvent être mises en place.

Le trempage est la méthode à retenir. Je conseille de faire tremper les pommes de terre, les patates douces et autres tubercules ou légumes racines au moins une heure dans de l’eau légèrement citronnée avant de les faire cuire.

Le riz est à laisser tremper une bonne heure aussi, bien rincer plusieurs fois à l’eau claire avant de cuire.

L’ébullition permet de diminuer fortement la teneur en lectines des aliments.

Il a été démontré que ce processus d’ébullition (95 °C pendant une heure) réduisait l’activité hémagglutinante de 94 % à 100 % (Shi, Arntfield et Nickerson, 2018).

La vapeur douce (en dessous de 90 °C) préférable quant à la conservation des vitamines, permet une diminution de l’ordre de 60 %, ce qui est déjà appréciable.

Le trempage des légumineuses est lui bien connu et ce, pendant 8h à 12h (les temps de trempage peuvent varier selon le grain).

L’astuce est d’ajouter 1/2 cuillère à café de bicarbonate de sodium par litre d’eau, puis jeter l’eau, bien rincer et cuire avec de l’eau fraîche.

Ce trempage élimine les lectines, l’acide phytique, les composés indigestes comme certains oligosaccharides (raffinose, stachyose) et autres inhibiteurs d’enzymes digestives, améliorant ainsi la digestibilité.

Il permet de réhydrater les légumineuses et diminuer le temps de cuisson. Le trempage peut amorcer la germination.

La germination après trempage prolongé et rinçage amorce ce processus intéressant en termes d’alimentation vivante, avec une meilleure biodisponibilité des nutriments, une digestibilité améliorée, une activation de certaines enzymes bénéfiques dont la phytase qui dégrade l’acide phytique, le verrou du germe dormant.

La lactofermentation est aussi bénéfique en termes de vitalisation de l’aliment avec un bémol pour les personnes intolérantes à l‘histamine pour lesquelles je ne recommande pas la fermentation.

Concernant les salicylates, retenir que l’épluchage des fruits et légumes reste la seule solution afin d’en limiter l’ingestion, les salicylates étant concentrés surtout dans la peau.

Petit aparté sur les jus de fruits et légumes… vous comprenez pourquoi ces jus pris quotidiennement et à longueur d’année sont loin d’être bénéfiques (on conserve la peau la plupart du temps avant centrifugation).

Les oxalates sont solubles dans l’eau. Pour cette raison, l’ébullition et la cuisson à la vapeur permettent de réduire considérablement la teneur de ces composés. Un processus d'ébullition pendant 12 min a entraîné une réduction entre 30 % et 87 % des oxalates solubles. Dans la cuisson à la vapeur, la réduction des oxalates est d'environ 42 % à 46 % (Chai & Liebman, 2005).

Avec le trempage, on retrouve une perte de teneur en oxalates comprise entre 40,5 % et 76,9 % (Akhtar, Israr, Bhatty & Ali, 2011).

Dans la fermentation, la réduction des oxalates peut également se produire par l'action d'enzymes de dégradation, telles que l'oxalate oxydase, l'oxalate décarboxylase et l'oxalyl-CoA synthétase (Lo et al., 2018).

Un régime d’éviction totale est impossible, qu’il s’agisse des salicylates, des oxalates, des lectines et autres antinutriments évoqués plus haut. La carence micronutritionnelle et vitaminique serait bien trop importante !

En parallèle, il est crucial de soutenir les voies de phase 2 de la détoxication hépatique.

Sur quoi travaille-t-on ?

Sur la glucuronidation, via l’alimentation par les crucifères, le Rooibos, la pomme, le cassis…

Sur la sulfatation en consommant du poisson, des fruits de mer (ultra-frais), des crucifères, du café, de l’oignon, de l’ail si vous les tolérez crus.

En misant sur la prise en continu de magnésium sous forme de malate préférentiellement, de sulfate par voie externe.

Sur la méthylation en allant vers les aliments source de vitamines B2, B6, B9, B12, de zinc, de bétaïne et en suivant les recommandations micronutritionnelles du praticien.

À retenir :

Garder autant que possible le plus de variété dans son assiette, au quotidien et se souvenir que tout est question de tolérance et de sensibilité individuelle.

Comment s’en sortir ?

Certaines applications sur smartphone peuvent être utiles et consultables au besoin.

Il s’agit de :

BALIZA (icône fraise) sur les intolérances à l’histamine, salicylates, benzoates, oxalates…

MONASH University Fodmap Diet qui recense les aliments certifiés pauvres en FODMAPs.

Attention, ces applications sont vite anxiogènes ! Je ne conseille pas de s’y référer systématiquement avant d’élaborer son assiette.

Elles permettent de vérifier si vous avez un doute sur les teneurs d’un aliment.

Quels sont mes conseils ?

  • Se faire accompagner, l’indispensable,
  • Rééquilibrer son alimentation,
  • Vérifier les carences en micronutriments de base et y remédier, avec des formes tolérées, bien assimilées et en concentration efficace (magnésium, vitamine D, vitamine A, vitamine du groupe B, vitamine C, zinc, sélénium, iode…)
  • Soutenir l’apport en bonnes graisses via l’alimentation et/ou la supplémentation. Un apport optimal en oméga-3 EPA-DHA est ainsi indispensable à une bonne fluidité membranaire pour des échanges inter et intracellulaires efficaces, une bonne fonction mitochondriale pour fabriquer de l’énergie, un système nerveux optimisé… L’apport en EPA-DHA améliore fortement les terrains d’asthme et d’urticaire comme nous l’avons évoqué, très sujets à la sensibilité aux salicylates en particulier,
  • Identifier et traiter une dysbiose, une candidose, un SIBO Hydrogène (H2), méthane (CH4), H2S suspecté, un IMO, un LIFO (fongique colique) et améliorer l’écosystème en réparant la paroi intestinale.

Mes tips pour mieux vivre et gérer ces intolérances

Je vous partage quelques-uns des conseils que je propose à mes consultants.

Pour soutenir votre fonction de détoxication hépatique, vous pouvez :

  • Faire des bains ou des bains de pieds au sel d’Epsom ou au bicarbonate de sodium.
  • Faire un sauna ou mieux un sauna Infrarouge : plusieurs publications ou essais démontrent que l’utilisation de la lumière rouge ou Infrarouge améliore le métabolisme en général et favorisent des mitochondries fonctionnelles pour une bonne synthèse d’ATP (énergie), effectuer du brossage à sec afin de stimuler la circulation lymphatique,
  • S’endormir avec une bouillotte tiède sur le foie : le foie est un organe lymphoïde à drainer, siège des mastocytes. Le foie travaille de façon optimale  autour de 42 °C.
  • Penser aux manœuvres d’ostéopathie viscérale : plus on mobilise les organes et plus on va tendre à remettre un équilibre entre eux.
  • Favoriser un sommeil réparateur : et oui, le foie travaille la nuit, pendant le sommeil.
  • Gérer le stress : nous sommes trop exigeants avec notre corps. Il faut faire la paix avec « notre maison ».
  • Se demander pourquoi on ne « tolère plus rien », d’un point de vue holistique…

POUR FINIR, QUELLE VISION ADOPTER ?

Je vous dirais qu’il faut comprendre, chercher, apprendre, expérimenter, trouver ses seuils de tolérance, optimiser sa santé, et surtout, être patient ! Prenez soin de votre santé.

Dr Martine HOARAU

Docteur en pharmacie, naturopathe et micronutritionniste

Sources : 

Antinutrients: Lectins, goitrogens, phytates and oxalates, friends or foe ? M. Lopez-Moreno, M. Garces-Rimon, M.Miguel https://doi.org/10.1016/j.jff.2022.104938 sciencedirect.com

Salicylate intolerance : pathophysiology, clinical spectrum, diagnosis and treatment Dr Hanns-Wolf Banker, dans Deutsches Ärzteblatt International , Mars 2008.

Candida albicans contributes to oxalate nephropathy by producing oxalic acid in the kidney.. Guo H et al. ( 1981).

Toxic Superfoods : how Oxalate overload is making you sick and how to get better Sally K. Norton

The influence of Akkermansia muciniphila on intestinal barrier function. Chunyan Mo, Xiran Lou, Jinfang Xue et Guobing Chen. Gut Pathogens 2024 ; 16 : 41.

Antinutrients : Lectins, goitrogens, phytates and oxalate, friends or foe ? J Funct Foods. 2022 ; 89 : 104938.

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