Les Cahiers de la Santé Naturelle : regards d’experts

Les 1000 premiers jours de vie : une période de développement unique !

Rédigé par Emmanuelle BIOJOUT
01/05/2025

Les 1 000 premiers jours de vie définissent la période qui s'étend de la conception (début de la grossesse) jusqu'aux deux ans révolus de l’enfant.

C’est une période reconnue par les scientifiques du monde entier comme particulièrement sensible et déterminante dans la santé de l’enfant et de l’adulte en devenir. Découvrez toute l’importance d’accompagner les familles de manière holistique dès le désir de conception. 

LES 1 000 PREMIERS JOURS DE VIE, LES FONDEMENTS D’UNE BONNE SANTÉ

Les recherches scientifiques actuelles s’accordent pour dire que l’environnement auquel est exposé le fœtus puis le jeune enfant joue un rôle considérable dans l’établissement des bases d’une bonne santé physique et mentale pour toute sa vie.

Et cela démarre même avant la conception, puisque l’on sait par exemple que l’alimentation des deux parents avant la grossesse a un impact sur le futur enfant.

L’environnement dont on parle regroupe un ensemble de paramètres très variés parmi lesquels :

  • L’alimentation : il s’agit de l’alimentation de la maman et du papa avant la conception, mais également de l’alimentation de la maman pendant la grossesse et l’allaitement, et enfin celle de l’enfant lors de sa diversification alimentaire,
  • Le rapport au stress et aux émotions de l’ensemble de la famille,
  • Les interactions avec les parents dès le plus jeune âge et avec l’entourage en général,
  • Le degré d’exposition aux pollutions environnementales : les perturbateurs endocriniens, les métaux lourds, les pesticides…
  • Le déroulé de la grossesse et de l’accouchement peuvent également impacter l’enfant, positivement ou négativement selon ce qui a été vécu,
  • L’exposition ou non aux écrans.

Le stress est un facteur très impactant : les mauvais traitements subis pendant l’enfance altèrent les gènes impliqués dans la réponse au stress, et à l’inverse, le maternage agit positivement sur l’expression de certains gènes.

C’est ce que l’on appelle l’épigénétique : la qualité de notre environnement va moduler l’expression de nos gènes[1]

Cela dément en partie la “fatalité” de l’hérédité et met en avant toute l’importance d’avoir un mode de vie le plus sain possible. Les 1 000 premiers jours de vie représentent ainsi une fenêtre d’opportunité unique pour influencer positivement la santé à long terme.

C’est également une période de développement impressionnant des organes et des systèmes du corps tout entier.

Par exemple, le cerveau d’un enfant d’un an aura déjà atteint les ⅔ de sa taille adulte passant de 400 g à 1 400 g à l’âge adulte (sa maturation se prolongera jusqu'à la fin de l’adolescence).

"Le lien parent-enfant est à la base de tout apprentissage..."

L’installation du microbiote de l'enfant est également essentielle pour établir les bases d’une bonne santé, et démarre dès la vie intra-utérine. En effet, le fœtus est au contact de micro-organismes issus de la maman qui parviennent à traverser le placenta. Il est ainsi très important que la maman ait une bonne flore avant et pendant la grossesse (et pendant l’allaitement le cas échéant). Nous savons aujourd’hui qu’un microbiote non adapté dans les 21 premiers jours de vie de l’enfant engendrera probablement un terrain immunodéprimé[1]

La naissance par voie basse et l’allaitement contribuent cependant grandement au bon “lancement” de la flore de l’enfant en lui permettant d’être exposé à une diversité microbienne importante.

L’allaitement maternel favorise la croissance de souches bactériennes bénéfiques permettant de renforcer le système immunitaire, en plus de contribuer au développement du lien maman-enfant.

L’importance des relations sociales pour le développement cognitif

Le lien parent-enfant est à la base de tout apprentissage social, émotionnel et cognitif. Il permet un attachement fort et “sécure” nécessaire au bon développement de l’enfant. Ce lien est largement favorisé par le maternage, le peau-à-peau, et le fait d’interagir avec lui.

D’ailleurs, l’OMS recommande le peau-à-peau chez les bébés ayant un poids inférieur à 2,5 kg car il réduirait le risque de mortalité[2].  Le développement cognitif démarre dès la vie in utero car le fœtus explore son environnement à travers différentes découvertes :

  • les différentes saveurs via le liquide amniotique lui-même influencé par l’alimentation de la maman,
  • le son de la voix de la maman et du coparent,
  • la langue maternelle parlée.

Les interactions avec le monde extérieur favorisent l’acquisition de compétences sociales, elles-mêmes nécessaires au développement de l’exploration et l’apprentissage chez les enfants.

ÉCOLOGIE FAMILIALE ET GROSSESSE SAINE AVEC LA NATUROPATHIE

Face à ses enjeux, accompagner les familles dans la mise en place d’habitudes de vie saines est essentiel. La naturopathie a toute sa place aux côtés des professionnels de santé dans le monde de la périnatalité : de la préconception à la grossesse, en passant par le post-partum et l’accompagnement de l’enfant.

L’alimentation

En tant que naturopathe formée à l’accompagnement des enfants, j’accorde de l’importance à l’alimentation des parents avant la conception et pendant la grossesse. Chaque personne étant différente, l’idéal est d’avoir un suivi individuel.

Mais de manière globale, je recommande une alimentation biologique à dominante végétale, en limitant le plus possible les produits industriels et transformés. Il est également essentiel de veiller à ne pas avoir de carence ni avant ni pendant la grossesse. La vitamine B9, le magnésium, la vitamine D, les oméga 3, le fer, et l’iode sont des micronutriments dont les femmes sont très souvent carencées.

Avoir une alimentation saine et variée assure un “minimum nutritionnel”, mais très souvent, une complémentation s’impose :

  • La vitamine B9 : elle est prescrite par les professionnels de santé à toute femme enceinte, mais elle est souvent consommée trop tardivement. Les besoins sont essentiels dès la rencontre des gamètes. Par ailleurs, il faut impérativement veiller à consommer une vitamine B9 méthylée, qui est la forme assimilable par l’organisme. Dans l’alimentation, les épinards frais contiennent de la vitamine B9 et sont intéressants à avoir dans son régime dès le désir de conception.
  • L’iode : il a été montré qu’une carence en iode entraîne un QI plus bas chez les enfants. Pour savoir si on est concerné par une carence, il peut être intéressant de réaliser en laboratoire une iodurie des 24 heures et d’ajuster sa supplémentation par la suite. Les algues alimentaires sont également une bonne source d’iode ainsi que les huîtres (cuites pour les femmes enceintes).
  • Les oméga 3 : ils sont absolument fondamentaux pour le fœtus et la maman : ils participent au développement du système nerveux et de la rétine du bébé, ils permettent d’éviter les vergetures, favorisent l'hydratation du périnée et de la peau, ils assurent un équilibre émotionnel et diminuent les risques de dépression du post-partum.

Consommer des petits poissons gras deux fois par semaine tels que les sardines, maquereaux, et harengs garantit un bon apport en oméga 3 et en fer d’origine héminique (absorbé à hauteur de 75 % par opposition au fer non héminique absorbé à hauteur de 15 %).

L’alimentation santé doit également concerner les bébés et les enfants !

La diversification alimentaire est une période importante pour éduquer le palais de son enfant. Typiquement, les aliments qui n’auront pas été goûtés avant l’âge de 24 mois sont plus susceptibles de ne pas être aimés par la suite ou bien rejetés par l’enfant. Un conseil que je donne régulièrement aux familles est d’avoir à la maison un calendrier des fruits et des légumes de saison.

Cela permet non seulement de consommer les végétaux lorsqu’ils sont le plus nutritifs, mais en plus, cela permet de voir les aliments non goûtés : votre bambin a-t-il déjà testé les choux de Bruxelles, le kaki, les blettes, ou encore les pruneaux ? N’hésitez pas à vous mettre aux fourneaux pour apprendre à sublimer ces aliments. 

La gestion du stress et des émotions non libérées

Le stress prénatal de la maman a un impact majeur pendant la grossesse à la fois sur son futur enfant et sur sa propre vie. Cette période peut être psychologiquement bouleversante et/ou bien vécue selon les individus. Le stress et la dépression du post-partum altèrent la relation parent-enfant et peuvent être à l’origine de problèmes cognitifs et émotionnels chez l’enfant[1].

Quoi qu’il en soit, prendre en charge les niveaux d’anxiété est essentiel pour bien vivre la parentalité et prévenir autant que faire se peut les états de détresse psychologiques (qui eux doivent faire l’objet d’un suivi médical avec un professionnel de santé).

Les fleurs de Bach (sans alcool) sont des aides précieuses lors de toute la période de péri conception. Celles que je conseille le plus souvent aux femmes enceintes ou en post-partum sont :

  • Aspen (tremble) : en cas de peurs dont l’origine est inconnue ou inexplicable,
  • Mimulus (mimulus) : en cas de peurs dont l’origine est connue, comme la peur de l’accouchement,
  • Walnut (noyer) : pour accompagner les périodes de changement et de transition.
fleurs

Les fleurs de Bach sans alcool sont également accessibles aux enfants.

D’autres techniques comme la respiration, le massage ou encore l’EFT peuvent aider à bien vivre ses émotions et à baisser les niveaux de tension, de stress, et de fatigue. On peut éventuellement faire appel aux services d’un psychologue si on en ressent le besoin.

Pour accompagner le stress prénatal et maintenir une flore équilibrée durant cette période, il peut être intéressant d’intégrer des probiotiques. Je recommande particulièrement l’usage d’un psychobiotique dont la spécificité est d’améliorer la santé mentale par l’intermédiaire du microbiote. Il a en effet été prouvé que cerveau et intestins sont intimement liés via des voies de communication nerveuse, interagissant en permanence dans les deux sens. Cette relation appelée “axe cerveau intestin” confirme que le fonctionnement de l’un influe sur le fonctionnement de l’autre.

Probiotiques Stress des Laboratoires COPMED est particulièrement intéressant en ce sens. Un autre avantage est qu’il contient de la vitamine B6, dont les besoins chez la femme enceinte sont accrus (elle soutient le système nerveux et aide à l’assimilation du magnésium, un autre micronutriment essentiel pendant la grossesse). 

La pharmacie naturelle

La grossesse et l’allaitement sont des périodes pendant lesquelles la maman ne peut pas tout consommer. Néanmoins, il existe des produits naturels et sans danger (si bien maîtrisés) pour les mamans et les bébés qui peuvent apporter beaucoup de confort et soulager les petits bobos du quotidien.

Attention tout de même à être soit correctement formé, soit accompagné par un professionnel pour éviter tout mésusage. 

La phytothérapie

Certaines plantes sont autorisées pendant la grossesse et l’allaitement mais doivent être maniées avec prudence et conscience.

L’idéal serait de vous faire accompagner par un médecin formé en phytothérapie ou un naturopathe. Il faudra toujours veiller à utiliser des plantes biologiques issues de productions les plus locales possibles. 

L’aromathérapie

Certains hydrolats sont autorisés pendant la grossesse et l’allaitement (contrairement aux huiles essentielles). Ils pourront être utilisés dilués dans de l’eau, vaporisés sur le visage ou sur une partie du corps, ou encore versés dans un bain.

  • L’hamamélis : en cas de jambes lourdes, il peut être vaporisé localement ou utilisé dans un bain de pieds tièdes.
  • La fleur d’oranger : très harmonisant, l’hydrolat de fleur d’oranger est légèrement sédatif. Il peut être versé dans un bain pour un moment de détente.
  • La camomille romaine : elle favorise la détente et le sommeil, et peut être utilisée sur la peau en cas d’irritation ou de rougeurs.
  • La lavande fine : elle apaise le système nerveux et aide à diminuer le stress, la nervosité et l’agitation.

FAVORISER UN ENVIRONNEMENT LE PLUS SAIN POSSIBLE

L’épigénétique nous confirme que l’environnement dans lequel nous évoluons a un impact tel qu’il peut moduler l’expression de nos gènes et nous prédisposer (plus ou moins) à certaines maladies. En naturopathie, on prête justement attention au mode de vie au sens large, incluant les diverses pollutions, plus ou moins subtiles, auxquelles nous sommes exposés.

La réduction des polluants

En période de conception, de grossesse, et jusqu’aux 2 ans de l’enfant, il faudra être particulièrement attentif aux métaux lourds, aux pesticides, et aux perturbateurs endocriniens. Ces substances chimiques, non reconnues par l’organisme, sont traitées comme des déchets et saturent nos émonctoires déjà sollicités pour vivre normalement.

Il conviendra alors de favoriser une alimentation la plus biologique qui soit afin de réduire son exposition aux pesticides et aux fongicides (à noter que ce sont des toxiques qui altèrent la qualité de notre microbiote intestinal dont dépend en grande partie notre système immunitaire).

Les métaux lourds sont présents dans certains aliments de notre quotidien :

  • Le mercure est présent dans le saumon, le thon et l’espadon. Je recommande de limiter la consommation a une fois par semaine pour les adultes et à une fois par mois pour les enfants.
  • Le cadmium est présent dans le riz : il faudra le choisir bio et le rincer avant cuisson jusqu’à ce que l’eau de trempage soit claire.
  • L’aluminium est très présent dans notre cuisine : il convient d’éviter de mettre tout aliment en contact avec ce métal : préférer des cuissons papillote avec du papier cuisson, réduire le plus possible les canettes de soda en aluminium…

Enfin, les perturbateurs endocriniens sont à chasser le plus possible de la maison car comme leur nom l’indique, ils perturbent tout notre système hormonal et intoxiquent notre corps. Vous trouverez facilement sur internet des infographies montrant là où les perturbateurs endocriniens se cachent dans la maison. Une des sources principales concerne les produits d’entretien ménagers (préférer les produits bios et écologiques), et les ustensiles de cuisine tels que les poêles et casseroles en téflon. Il est essentiel par ailleurs d’avoir une aération suffisante du lieu de vie car l’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur. Dix minutes le matin et dix minutes le soir suffisent pour renouveler l’air ambiant.  

L’exposition aux écrans et recommandations officielles

L’exposition précoce aux écrans représente un facteur majeur de déséquilibre de santé. Le Haut Conseil de la Santé Publique recommande d’interdire toute exposition à un écran avant l’âge de 3 ans.

On sait aujourd’hui que cette exposition peut avoir des conséquences très néfastes sur le développement de l’enfant, tant sur le plan physique que cognitif (retard de croissance, perturbation de la mémoire et de l’apprentissage…), ou encore sur le plan de l’alimentation et du sommeil. Une mauvaise utilisation des écrans favorise également :

  • la sédentarité déjà bien présente chez les enfants,
  • une baisse de la motricité : les enfants ont besoin d’une vision en 3d pour se développer, non en 2d comme c’est le cas avec les écrans,
  • une potentielle perturbation du lien parent-enfant avec l’émergence d’un lien d’attachement enfant-fiction.
enfant

Limiter l’exposition aux ondes électromagnétiques jusqu’à 2 ans

Notre environnement est aujourd’hui chargé d’électromagnétisme dû aux appareils modernes que nous utilisons. Les appareils électriques branchés du quotidien tels que les réfrigérateurs, micro-ondes, bouilloires, téléphones portables… émettent des basses fréquences, et le Wifi / Bluetooth / 4G / 5G, émettent des hautes fréquences avec lesquelles nous sommes en contact en permanence. Bien que non visible à l’œil nu, cette pollution silencieuse nous “traverse” et pourrait impacter le fonctionnement de notre physiologie. Il est particulièrement important pour la femme enceinte et le jeune enfant de réduire leur exposition à ces ondes qui traversent la barrière hématoencéphalique (notamment chez le nourrisson). Un conseil serait de couper le wifi la nuit et de couper les options GPS et wifi lors de trajets en voiture.

Les recherches sur le sujet sont encore en cours et bien que certaines études attestent de l'innocuité des ondes à court terme[3] , nous avons encore peu de recul sur leur impact à long terme.

La période des 1 000 premiers jours de vie est une période unique pour poser les bases d’une santé optimale à long terme chez l’enfant et l’adulte en devenir. S’intéresser à cette question s’inscrit dans une démarche de prévention et une vision long-termiste de la santé à laquelle la naturopathie apporte des réponses concrètes et tangibles.

Une commission d’experts présidée par Boris Cyrulnik a remis un rapport[2] au gouvernement en 2020 autour des 1 000 premiers jours de vie et pointe notamment la nécessité de former les professionnels de santé à cette question. S’intéresser à la santé des jeunes enfants, c’est aussi agir pour les parents, les citoyens, et la société de demain.

Emmanuelle Biojout

Emmanuelle BIOJOUT

Naturopathe

Sources : 

1 - “Formation spécifique de naturopathie de l’enfant 3-11 ans”, Institut Sanavie

2 - https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-1000-premiers-jours.pdf

3 - https://www.inserm.fr/actualite/ondes-electromagnetiques-faut-il-craindre-5g/

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